KUBA
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Au vu des différentes relations d’observation
qu’entraînent ces motifs, la transformation formelle
des textiles kuba doit être comprise comme
une transformation de la relation de la classe dirigeante
avec ses sujets. Si l’élite du XVIIIe siècle
s’intéressait moins à la diffusion de son statut (du
moins, pas pour de longues périodes), il est devenu
de plus en plus important pour elle de le faire au
XIXe siècle. Dès le début du XIXe siècle, les qualités
formelles du motif textile indiquent que les manifestations
publiques d’autorité étaient une quasinécessité
pour les aristocrates et les membres de
l’élite dirigeante. Pourquoi les membres de l’élite
kuba ont-ils commencé à commander et porter des
vêtements spécialement conçus pour capter et retenir
l’attention d’un spectateur ? Et pourquoi étaitce
plus important au XXe qu’au XVIIIe siècle ?
Les réponses défi nitives à ces questions ne
peuvent être établies avec certitude que par le biais
de tests supplémentaires et de recherches sur le
FIG. 20 (À GAUCHE) :
Textile de prestige.
Kuba, province du Kasai,
RDC. Années 1960 (datation
proposée par analyse
stylistique).
Fibres de raphia. 59,7 x 59,7 cm.
Collection privée, R.18060.5.
FIG. 21 (À DROITE) :
« Bakuba. » Une brodeuse.
Photographes de Casimir
Zagourski (1880-1941).
Collection Pierre Loos. Avec l’aimable
autorisation d’Andres Moraga
Textile Art.
terrain. Cependant, nous pensons que la transition
séculaire vers des motifs audacieux, inventifs
et accrocheurs s’est produite alors que les élites
kuba cherchaient de nouveaux moyens plus dynamiques
de proclamer et préserver leur statut et leur
autorité. En effet, les trois moments d’innovation
formelle que nous avons identifi és – le début du
XIXe siècle, la fi n du XIXe siècle et le début du XXe
siècle – correspondent à des périodes de profonde
agitation politique dans le royaume. Au cours de
chacune de ces périodes, la classe dirigeante de la
société kuba – tant les représentants, connus sous