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Photographies de la Guinée
française et du Cameroun
par Rudolf et / ou Helene Oldenburg
tifs sur plaque au gélatino-bromure d’argent, dont
le tirage était particulièrement diffi cile dans cet
environnement tropical.
Le désir d’Oldenburg de produire des portraits de
représentants de diverses cultures africaines pourrait
avoir été stimulé par le darwinisme social qui
prévalait à l’époque. Bien que son intention fût de
documenter des « types de personnes », ses oeuvres
présentent également une grande qualité artistique.
L’anthropologie visuelle prend en compte la relation
triangulaire entre le photographe, ses sujets
ou objets et le spectateur, ce dont témoignent les
images d’Oldenburg.
À l’époque d’Oldenbourg, la photographie était
en plein essor et vers 1900 une importante demande
de cartes postales illustrant des scènes et des
personnages africains s’était développée. Comme le
note Christaud Geary :
« Les photographes en Afrique ont bien compris
que fournir des images du continent représentait un
marché lucratif, tant au niveau local qu’à travers le
monde, à cette période d’engouement mondial pour
les cartes postales qui a culminé autour de 1900 et
s’est poursuivi pendant plusieurs décennies. »4
PORTFOLIO
FIG. 1 (CI-DESSUS) : Rudolf
ou Helene Oldenburg,
H. u. R. Oldenburg im
Garten (H. et R. Oldenburg
dans un jardin), 1904-1913.
Tirage au gélatino-bromure d’argent,
16,5 x 12 cm.
Weltmuseum Wien, Fotosammlung,
inv. VF 17684.
FIG. 2 (PAGE SUIVANTE) :
Rudolf ou Helene Oldenburg,
Fetisch-Tänzer (Kopf)
(Danseur fétiche (tête)),
1907-1913.
Tirage au gélatino-bromure d’argent,
11,2 x 16,2 cm.
Weltmuseum Wien, Fotosammlung,
inv. VF 17199.
Rudolf Oldenburg (1879–1932)
était un ressortissant autrichien qui a surtout laissé
le souvenir de nombreuses photographies prises au
cours de ses années passées en Afrique au début du
XXe siècle. Entre 1901 et 1906 il vécut à Conakry,
dans l’ancienne Guinée française, où il travailla
comme agent pour une société de négoce allemande
basée à Brême. De 1907 à 1913, il travailla pour
la Deutsche Kamerungesellschaft au Cameroun.
Son épouse, Helene, née Aichinger (1868-1922),
avec qui il se maria à Vienne en 1904, le suivit en
Guinée française quelques jours après leur union
et devint sa proche collaboratrice, l’aidant dans sa
recherche de spécimens ethnographiques ainsi que
pour ses prises de vue. De nombreuses photographies
sur lesquelles Rudolf apparaît sont attribuées
à Helene Oldenburg (fi g. 6)1.
En 1902, Oldenburg fi t la connaissance du médecin
Rudolf Pöch, qui effectuait des recherches
sur le paludisme en Guinée française. Oldenburg
apporta son aide à Pöch dans ses « études anthropométriques
» et dans la préparation de moulages
en plâtre de modèles vivants lors de son séjour à
Conakry. On pense que ce fut Pöch qui l’encouragea
à collectionner des objets ethnographiques,
même si Oldenburg s’intéressait à toutes sortes de
recherches et collectionnait également des insectes,
des papillons et des spécimens botaniques. Il était
en contact avec des spécialistes de l’Afrique, dont
Georg Schweinfurth, et il écrivit par la suite un
essai sur les Bamoun pour le périodique Atlantis,
publié en 19292. Des notes ethnographiques
d’Helene avaient précédemment été publiées, en
1922, dans une série de trois articles pour Österreichische
Illustrierte Zeitung3. Cependant, la
principale occupation du couple dans le domaine
ethnologique était la collecte sur le terrain et la
photographie. Ils utilisaient pour celle-ci des néga-
Par Bettina von Lintig