FIG. 22 (CI-DESSUS) : Rudolf
ou Helene Oldenburg,
Haussa-Weib zu Pferd
(Femme Hausa à cheval),
1907-1913.
Tirage au gélatino-bromure d’argent,
11 x 15,5 cm.
Weltmuseum Wien, Fotosammlung,
inv. VF 17213.
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Oldenbourg comprit que les tirages de ses photographies
pourraient être une source de revenus
(fi g. 4)5. En 1917, par exemple, il vendit au musée
Völkerkunde de Leipzig plus de quatre cents
exemplaires de photographies de la Guinée française
et du Cameroun, dont deux photographies de
moulages en plâtre6. Certaines de ces photos ont
désormais été numérisées. La plupart des négatifs
des tirages d’Oldenburg qui se trouvent à Leipzig
et dans de nombreuses autres institutions, neuf
cent dix-neuf images au
total, font maintenant
partie de la collection
de photographies du
Weltmuseum de Vienne,
bien que cela ne représente
pas l’ensemble de
l’oeuvre d’Oldenburg7.
Ce dernier réunit également
plus de neuf cents
cartes postales, conservées
dans les archives
viennoises (inv. VP_1 à
VP_908). Cependant il
est clair, lorsqu’on les
examine, que certaines
proviennent de photos
d’Oldenburg, ce qui
témoigne une nouvelle
fois de son intérêt pour
la commercialisation de
ses images.
En raison du travail
d’Oldenburg comme directeur
pour la Deutsche
Kamerungesellschaft à
partir de 1907, le couple
vécut et voyagea dans diverses régions du Cameroun.
Ils vécurent tout d’abord à Douala, puis à
Kouti, où il y eut tout d’abord un projet expérimental
de gestion des terres, puis un comptoir
commercial. Kouti se trouve à une quinzaine de
kilomètres au sud-ouest de Foumban, la capitale
du royaume Bamoun8, et aujourd’hui un certain
nombre des photos prises dans le royaume Bamoun
par les Oldenbourg, notamment celles du roi des
Bamoun, le sultan Njoya, sont devenues iconiques
(fi g. 6, 12 et 14)9.
On peut voir sur certaines photos d’Oldenburg
différentes sortes de vêtements de cour. Certains
ont été réalisés par des tisserands, des tailleurs et
des artisans de la perle, d’autres ont été obtenus par
le biais d’échanges commerciaux avec les Hausa, et
certains importés d’Allemagne. Un certain nombre
de vêtements ont été réalisés localement dans un
style allemand. Ils témoignent d’une image de soi
multiple des membres de la classe dirigeante. Ces
images sont riches d’enseignements sur les différents
styles vestimentaires. Par exemple, plusieurs
d’entre elles montrent Njoya et ses courtisans dans
des uniformes de hussards allemands produits
localement (fi g. 14). Cependant, après un soulèvement
en 1909, Njoya apparaît en costume fulbe /
hausa, signe d’une transition politique.
Les Oldenbourg ont beaucoup voyagé dans le
Grassland camerounais et ils ont photographié
aussi bien les gens du peuple que les élites. Leurs
images montrent qu’en dehors de la capitale Foumban,
le peuple n’avait pas adopté le code vestimentaire
en usage à la cour, et que chaque chefferie du
Grassland avait des vêtements spécifi ques.
Dans Österreichisches Biographisches Lexikon,
on apprend que Rudolf Oldenburg indique a collecté
six cent quarante-trois objets de valeur dans
le Grassland camerounais et en particulier dans le
royaume Bamoun, ces derniers grâce à son amitié
avec le roi Njoya10. Cette relation était compliquée
et découlait d’un précédent accord conclu entre le
fon des Bali-Nyonga et ses alliés allemands. Les
quelques Européens en poste dans le Grassland camerounais
dépendaient du soutien des chefs locaux.
Leurs relations avec le roi des Bali se détériorant, les
autorités coloniales privilégièrent les contacts avec
leur « partenaire » Njoya à partir de 1902. Il lui
incomba de fournir les travailleurs pour les plantations
et les porteurs pour le transport des marchandises
vers la côte. Tout comme le roi des Bali, Njoya
espérait que ce pacte contribuerait à consolider et à
étendre son pouvoir dans la région11.
Au cours des dernières années de l’administration
coloniale allemande, il devint toutefois évident
que Njoya et son royaume en tiraient très peu de
profi t. La construction d’une voie ferrée promise
fut annulée et les confl its avec les commerçants
s’intensifi èrent. Njoya demanda l’aide de missionnaires
afi n de briser le monopole des Européens sur
les activités commerciales. Il tenta d’organiser ses
propres caravanes commerciales mais le gouvernement
l’en empêcha. Les relations devinrent de plus
en plus tendues et le royaume de Bamoun fi nit par
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