ARTS ASEN DU DAHOMEY
63
habituellement des coiffes de tissu et affi chent de
fi ns seins cylindriques. Les visages sont plats, les
bouches et yeux épais et les mains arrondies avec
des doigts bien dessinés. Certains de ses tabourets
présentent des bords fermement ciselés, une caractéristique
que l’on observe également dans les croix
dues à cet artiste. De nombreux animaux et personnages
humains sont fi xés à la plate-forme au
moyen de sortes de languettes soudées à celle-ci.
La bande de contour présente parfois une fi nition
en fer découpé. Pour attacher les pendentifs togbe,
des petits boutons sont fi xés soigneusement le long
des bords de la plate-forme. Ces pendentifs sont
d’ordinaire plus menus que ceux réalisés par le
Maître du bélier aux cornes recourbées. Ses oeuvres
comportent des tabourets plus volumineux qu’à
l’accoutumée (comparez avec la fi g. 10) dont les
côtés se terminent parfois en spirales. Ces grands
tabourets de chef de style djandemen (un groupe
inspiré d’exemples Akan) sont visibles sur tous les
asen exposés ici. Ils sont différents des tabourets
katake ronds à trois pieds plus petits (fi g. 11) généralement
utilisés par les reines, reines mères, chefs
de rang inférieur, prêtres, devins et chefs de famille.
3. Maître de la longue tunique. Ouidah. Fin du
XIXe siècle (fi g. 12 et 13). L’oeuvre de cet artiste
se distingue par son utilisation de fi nes plaques
de métal pour donner forme à ses personnages,
supports et plates-formes. La présence récurrente
de détails révélateurs éclaire les techniques de
coupe et de pliage spectaculaires des feuilles de
fer, comme s’il s’agissait de papier. Les tuniques et
pagnes tombent dans la plupart des cas jusqu’au
sol (caractéristique d’où l’artiste tire son nom), des
formes qui s’évasent à la base. Les personnages
sont dotés de mains plates ressemblant à des pagaies.
L’artiste marque peu la physionomie et se
contente de fi nes lignes gravées pour indiquer les
yeux et la bouche. Si des croix fi gurent sur la pièce,
FIG. 6 (EN BAS À
GAUCHE) : Asen par
le Maître du bélier aux
cornes recourbées. Ouidah,
république du Bénin.
Milieu-fi n du XIXe siècle.
Fer. H. : 170 cm.
Newark Museum. Newark, New
Jersey, inv. 89.33.
Un homme fumant la pipe, coiffé
d’un haut-de-forme et vêtu d’une
tunique siège sur un trône de
style djandemen. Derrière lui, une
femme tient une ombrelle et un
homme un parasol (signes de statut
important). Deux autres personnages
s’agenouillent à proximité. Sur les
bords se trouvent un crocodile, un
poisson et un large objet posé dans
un chariot en bois traditionnel.
FIG. 7 (À DROITE) : Dessin
d’une sculpture en fer
représentant Gu (Gou),
dieu dahoméen du fer, de
la guerre et de la créativité.
Extrait de Maurice Delafosse, « Une
statue dahoméenne en fonte » La
Nature 1894 no 1105 : 145-147.
Réalisée par l’artiste Ekplekendo
Zomabodo Glenegbe Akati (aussi
connu sous le nom d’Akati Akpele
Kendo) en 1860 sous le patronage
du Roi Glélé (1858-89), cette oeuvre
servit aux rites commémoratifs,
honorant le père de ce dernier
Ghézo (1818-58). La sculpture
appartient à la collection du musée
du quai Branly-Jacques Chirac.