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FIG. 7 (À GAUCHE) : Bol
avec guerrier portant un
bouclier-primevère.
Mimbres, Nouveau-Mexique.
850-1150 apr. J.-C.
Céramique. D. : 22,5 cm.
Acquis en 1924 par la Peabody
Museum Expedition, C. B. et
H. S. Cosgrove, directeurs.
Peabody Museum of Archaeology and
Ethnology, Harvard University, inv.
24-15-10/94584.
© 2018 President and Fellows of
Harvard College, Peabody Museum of
Archaeology and Ethnology, Harvard
University.
FIG. 8 (CI-DESSUS) :
Bol avec scène agricole.
Mimbres, Nouveau-Mexique.
850-1150 apr. J.-C.
Céramique. D. : 24 cm.
The Fine Arts Museums of San
Francisco, don de la Thomas W. Weisel
Family au Fine Arts Museums of San
Francisco, inv. 2013.76.79.
© 2018 The Fine Arts Museums of San
Francisco.
Aux alentours de l’an 1150, les Mimbres ont cessé
de produire ces céramiques, probablement en raison
d’une grave sécheresse et d’une déforestation intense
rendant cette région aride beaucoup plus hostile. Les
populations mimbres sont néanmoins restées dans la
région. De plus petits groupes se sont installés à l’extérieur
de la vallée et ont sans doute adopté les techniques
de production de poterie des régions voisines.
En 1976, Tony Berlant a cofondé la Mimbres
Foundation afi n de protéger les sites mimbres et d’en
étudier l’art. Berlant et Maurer s’intéressent aux
motifs peints des Mimbres depuis la seconde moitié
des années 1970, avec une attention particulière
pour les motifs non fi guratifs, souvent qualifi és de
« géométriques » : zigzags, spirales, damiers et autres
dessins n’ayant pas ou peu de liens avec le monde
naturel. Pour les aider dans leurs recherches, ils ont
fait appel à des collaborateurs issus d’horizons divers,
notamment Thomas Wynn, un professeur d’archéologie
spécialisé dans l’archéologie cognitive, et V. S.
Ramachandran, un professeur de psychologie et de
neurosciences renommé.
Leurs investigations ont mis en évidence l’existence,
dans le contexte mimbres, d’un lien entre l’archéologie,
les neurosciences et l’art à travers la plante
appelée Datura (fi g. 1). Des graines et des cosses de
Datura ont été trouvées sur de nombreux sites archéologiques
dans le Sud-Ouest (fi g. 23) et il semble
que cette plante vivace à fl eurs singulières ait été utilisée
par les anciens habitants de cette région pour ses
propriétés hallucinogènes. La consommation de Datura
produit en effet une sorte d’état de transe pendant
lequel le cerveau provoque divers effets chez le
sujet, dont de véritables hallucinations. Cette plante
est à ce titre un élément fondamental des pratiques
rituelles et contribue probablement à façonner la vision
du monde des sociétés qui l’utilisent. Maurer et
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