FIG. 6 (above):
Objects on a table in Tom
Joyce’s home offi ce.
Photo © Tom Joyce Studio archive.
FIG. 7 (above):
Kabre blacksmiths Kao Kossi
and Ide Essozimna forging
an initiation gong called
ekpande.
Tcharé, Togo, 2010.
Photo © Tom Joyce.
Noëlle Ghilain : Diplômé en zoologie, de
l’université de Würzburg en Allemagne, vous avez
travaillé près de cinq ans pour le Vogelpark de
Walsrode et sa Fondation. Qu’est-ce qui vous a
conduit ici ?
Steffen Patzwahl : En 1992 j’ai rencontré Éric
Domb alors qu’il visitait la Fondation Vogelpark
Walsrode. Le courant est immédiatement passé.
Nous partagions les mêmes rêves, les mêmes
aspirations. Éric était un homme d’affaires
qui rêvait d’aventures, de nature et surtout de
partager son amour pour les animaux. Il disposait
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encore des diables de Tasmanie, pour ne citer que
quelques espèces menacées concernées par notre
programme de sauvetage.
N. G. : Peut-on dire que vous avez réalisé un rêve
d’enfant ?
S. P. : Oui, certainement. J’ai eu la chance d’avoir
des parents qui n’ont jamais réfréné mes envies,
ni mon goût pour la nature et les musées. Ils
m’ont toujours laissé suivre mon instinct même si
parfois c’était à leurs dépens. Un jour j’ai rapporté
une vieille peau d’ours. Sa grande gueule ouverte
me fascinait. Quelques heures plus tard, le chien
se grattait comme un fou. Ma mère inquiète
s’est mise à fouiller la maison et a rapidement
découvert mon dernier trésor infesté de puces et
bestioles en tout genre.
Aujourd’hui, travailler aux côtés d’Éric en
tant que directeur animalier et responsable des
expositions est un réel bonheur. Pairi Daiza
associe merveilleusement la faune, la fl ore et
la culture. D’une certaine manière, nous
sommes restés des enfants, seul le prix des jeux
a un peu augmenté.
N. G. : Toute votre vie vous avez été naturaliste.
Quand et comment est apparue votre passion
pour les arts extra-européens ?
S. P. : C’est une transition qui s’est faite tout
en douceur. Je pourrais presque dire que je suis
« né naturaliste ». Petit garçon, j’ai commencé
à observer les oiseaux, ma première passion.
D’abord, j’ai ramassé puis collectionné les
coquilles d’oeuf et les plumes. En visitant le Linden
Museum à Stuttgart, j’ai découvert les parures des
Indiens d’Amérique et des peuples de Papouasie
qui étaient faites de plumes de paradisiers. J’ai
voulu très rapidement comprendre pourquoi ils
utilisaient telle plume pour telle parure.
N. G. : Quel est le premier objet qui a compté ?
S. P. : À côté des plumes d’oiseau, je collectionnais
également les fossiles et les pierres anciennes.
Alors que j’avais à peine sept ans, j’ai trouvé avec
deux copains une large pierre assez massive qui
épousait parfaitement la main d’un homme. Nous
l’avons rapportée à l’école et notre professeur l’a
envoyée au musée d’histoire naturelle de Stuttgart
où le spécialiste en paléontologie l’a identifi ée
comme étant une hache. Elle est encore sur ma
FIG. 8 (EN BAS À GAUCHE) :
Vue d’une reconstitution
d’un village Tamberma
(Togo) à Pairi Daiza.
FIG. 9 (EN BAS, À DROITE) :
Vue de détail d’une
décoration murale de
village Tamberma (Togo),
reconstitué à Pairi Daiza.
PERSONNALITÉ
des fonds nécessaires tandis que j’avais acquis une
certaine expérience du monde animalier. C’est
presque naturellement que nous nous sommes
associés pour acheter l’ancien domaine cistercien
de l’abbaye de Cambron-Casteau pour cofonder
les prémices du parc qui s’appelle alors Paradisio.
C’est en 2010 que le parc change de nom et
devient Pairi Daiza qui signifi e en persan « jardin
clos » ou « verger protégé des murs ». C’est une
expression qui évoque ce qu’il y a de plus beau,
de plus pur. Un endroit où les hommes vivent
heureux. Aujourd’hui, le parc accueille plus de
cinq mille animaux dont trois pandas géants, deux
tigres blancs, des orangs-outans, des gorilles ou
FIG. 6 (CI-DESSOUS) :
Ensemble de crânestrophées.
Naga, Inde-
Birmanie.
FIG. 7a-c (PAGE DE DROITE,
REGISTRE SUPÉRIEUR) :
Divers gros plans d’objets
parsemant la demeure : un
ensemble de korwars de
la Province de Papouasie
(Indonésie), des carapaces
de tortues terrestres et
un bouclier aborigène
d’Australie.