FIG. 7 (CI-DESSSUS) : Siffl et
composé de deux fi gures
humaines. Tembladera,
Pérou. 700-400 av. J.-C.
Céramique, pigments. H. : 18,6 cm.
Saint Louis Art Museum, don de
Morton D. May, inv. 186:1979.
98
certaines se trouvent pourtant dans les collections de
quelques musées prestigieux. Plusieurs balances inca
de ce genre ont été exhumées au début du XXe siècle
sur la côte centrale du Pérou.4 Les diagonales et les
cercles simples décorant la poutre en bois suggèrent
une association culturelle avec la région de Chincha,
conquise par les Inca durant les années 1470. D’après
certains documents coloniaux espagnols, les Chincha
servaient d’intermédiaires dans le commerce du spondyle
entre les Équatoriens et l’élite inca, qui récompensait
les populations conquises qui se montraient
coopératives en leur distribuant des biens et autres
marchandises.5
Des céramiques et d’autres objets exposés manifestent
le caractère omniprésent de cette notion de
dualité. Par exemple, un siffl et en céramique Tembladera
illustrant l’unité productive de l’homme et
de la femme accompagne des exemples de vêtements
sexués. Cet objet remarquable, vieux de plus de deux
mille ans, fait partie des nombreuses superbes oeuvres
des anciennes Amériques données au musée par
Morton D. May (fi g. 7). Incarnant la nature complémentaire
des deux sexes dans la culture andine, un
homme et une femme se tiennent côte à côte, chacun
formant la moitié d’un corps. Comme d’autres fi gures
Tembladera, ce siffl et défi nit les caractéristiques des
tenues sexuées : l’homme porte un pagne et une coiffe
en forme d’oiseau, tandis que la femme est vêtue
MUSÉE À LA UNE
L’opposition fondamentale entre la vie et la mort
constitue l’un des thèmes abordés dans l’exposition.
La vénération des ancêtres jouait un rôle majeur dans
les cultures anciennes du Pérou et s’accompagnait
de la création de véritables oeuvres d’art destinées
à accompagner les défunts. Ceux-ci étaient momifi
és, dans des paquets funéraires, afi n qu’ils puissent
continuer à participer à la vie rituelle. Par exemple,
les Wari de haut rang étaient placés en position assise,
enveloppés dans de multiples couches de tissu et vêtus
de textiles sophistiqués. Le masque à plumes donné
par Alfred E. Goldman était probablement rempli de
coton et surmontait les nombreuses couches de tissu
servant à envelopper le corps assis (fi g. 9). Les yeux
ouverts, le visage aux couleurs éclatantes et les cheveux
réalistes du masque diffusent l’essence vivante
du défunt qu’il recouvre, créant ainsi une connexion
avec le monde des vivants.
Référence littérale à l’équilibre, une forme rare de
textile inca a joué un rôle jusqu’ici inconnu dans l’économie
politique de l’Empire (fi g. 8). Deux fi lets, savamment
noués à la main à partir de fi ls de coton, sont
suspendus à une poutre centrale en bois, elle-même
scindée en deux par un autre fi l. La forme de cet objet
évoque celle d’une balance destinée à peser des marchandises,
mais il n’existait ni monnaie ni de système
fi nancier standard dans l’ancien Pérou. Bien que les
balances de l’ancien Pérou soient extrêmement rares,