DOSSIER
Le 7 juin 2018, à l’occasion du salon
d’art annuel Cultures dans le quartier du Sablon à
Bruxelles, j’ai eu le plaisir de présenter ma nouvelle
publication Luluwa : Art d’Afrique centrale entre
ciel et terre (fi g. 1) lors d’un événement organisé
dans la librairie Peinture Fraîche par mon éditeur,
Fonds Mercator. L’art Luluwa est bien représenté
dans les musées américains et, surtout, européens,
et est depuis longtemps prisé par les spécialistes et
les amateurs d’art africain. Étonnamment, bien que
le texte de mon nouvel ouvrage soit essentiellement
une traduction abrégée de ma thèse de doctorat
rédigée en néerlandais voici plus de vingt ans, cette
publication peut néanmoins être considérée comme
100
Entre ciel et terre
La statuaire luluwa de la
république démocratique du Congo
FIG. 1 (EN HAUT) :
Couverture de Luluwa : Art
d’Afrique centrale entre
ciel et terre, par Constantin
Petridis.
Publié par Fonds Mercator, Bruxelles,
2018.
FIG. 2 (À GAUCHE) : Demifi
gure. Probablement Luluwa
ou Luntu, RDC.
Bois. H. : 28,9 cm.
Ex-coll. Paul Timmermans ; Merton
Simpson Gallery, New York ; Donald
Morris Gallery, New York / Michigan ;
Donald Stern ; James Hogan ; Donald
Morris Gallery, New York / Michigan.
Collection privée, États-Unis.
Photo avec l’aimable autorisation de
la Donald Morris Gallery, New York et
Michigan © Dirk Bakker.
Cette sculpture a été le sujet d’une
peinture du regretté artiste et
collectionneur Jean Willy Mestach.
Il est dès lors possible qu’elle lui ait
appartenu à un moment donné.
Par Constantin Petridis
la première monographie jamais publiée sur le sujet.
Précédemment, Albert Maesen et Paul Timmermans
ont tous deux tenté d’explorer le sujet en profondeur,
mais, pour diverses raisons, leurs publications
n’ont jamais vu le jour. L’instabilité politique et
économique ayant régné au Congo ces vingt dernières
années explique en partie le manque d’études
de terrain sérieuses menées dans un passé récent.
Malheureusement, ces troubles incessants continuent
d’affecter le pays, une situation qui empêchera
très probablement toute recherche sur le sujet dans
un avenir proche.
Malgré les courts séjours que j’ai effectués en territoire
luluwa, dans le centre-sud de la RDC, dans le
cadre de mon doctorat en 1994 et 1996, et quelques
autres études in situ réalisées avant et après mes séjours
sur le terrain, nos connaissances en la matière
découlent principalement de recherches menées
pour la plupart dans des institutions européennes
– bibliothèques, musées, archives – notamment
le musée royal de l’Afrique centrale (MRAC)
à Tervuren, l’Ethnologisches Museum à
Berlin et le Museum für Völkerkunde à
Hambourg. Outre divers récits publiés ou
inédits, dont ceux rédigés à la fi n du XIXe
siècle et au début du XXe siècle par des
explorateurs et des ethnologues comme Hermann
von Wissmann et Leo Frobenius, les notes
manuscrites compilées par l’historien de l’art belge
Albert Maesen au cours de son expédition de collecte
et de recherche entreprise pour le MRAC de
1953 à 1955 se sont avérées particulièrement précieuses
pour mes propres investigations.
Si mon livre possède évidemment des imperfections
et des limites, je suis néanmoins convaincu que
sa portée et son étendue nous permettront d’enrichir
notre compréhension du corpus luluwa dans
son contexte culturel et historique. De nouvelles
recherches approfondies seront peut-être un jour