LIVRES
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FIG. 3 (À GAUCHE) :
Page 700 de la Negro
Anthology (1934, Nancy
Cunard éd.), édition en
fac-similé réalisée par les
Nouvelles éditions Place,
2018.
FIG. 4 (CI-DESSOUS) :
Page 657 de la Negro
Anthology (1934, Nancy
Cunard éd.), édition en
fac-similé réalisée par les
Nouvelles éditions Place,
2018.
ter l’ouvrage en fac-similé : il ne s’agissait pas de
produire un fétiche bibliophilique, mais bien de
répondre à l’oeuvre elle-même, à l’exigence de sa
construction. La Negro est une écriture, un véritable
montage avec une composition de couleurs
et de rythmes qui joue des improvisations dans les
pages, un collage poético-politique où se dessinent
des intervalles pour laisser libre cours à des correspondances
inattendues. Elle combine culture populaire
et discours universitaire, articles littéraires et
scientifi ques, textes poétiques et politiques, traités
historiques, extraits de journaux ou d’ouvrages,
affi ches, tracts, partitions musicales, poèmes, photographies,
dessins, portraits, témoignages, récits
d’esclaves, comptes rendus de jugements, statistiques.
Tout fait sens, même la couverture en toile
de coton typographiée au fer rouge.
La force et la pertinence de la Negro s’incarnent
dans cette dynamique d’un autre rapport au monde
et à la connaissance. Si l’Anthology a bien produit
un élargissement du savoir en y réintégrant la présence
noire, elle ne se réduit pas à l’édifi cation d’un
nouveau rayon de la « bibliothèque humaine »,
elle ne montre pas seulement un continent oublié
qui compléterait la cartographie de la civilisation.
Plus qu’une nouvelle géographie des cultures, elle
met en place un système tectonique qui fait exploser
l’humanisme de la raison autoritaire. Collage