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menées au Congo afi n d’apporter d’autres informations
sur le sujet, mais rien n’est moins sûr. En
attendant, j’espère que mon nouveau livre incitera
d’autres passionnés à poursuivre le travail déjà accompli
et à combler nos lacunes.
L’un des atouts de Luluwa : Art d’Afrique centrale
entre ciel et terre réside dans sa sélection de
quelque cent soixante oeuvres issues de collections
privées et publiques du monde entier. Ensemble, elles
témoignent de l’étonnante diversité de la sculpture
dite Luluwa. Néanmoins, malgré un souci d’exhaustivité,
le nombre de fi gures, de masques et d’objets
décoratifs illustrés dans le livre n’est certes pas insignifi
ant, mais ne représente qu’une partie de ce qui
a été préservé et, au mieux, un échantillon des objets
qui ont vraisemblablement été créés mais n’ont pas
subsisté. Outre la place de choix accordée à la sculpture
sur bois, qui est le support le plus courant dans
les musées et les collections d’Europe et des États-
Unis, j’ai également choisi de m’intéresser de près
à ce que les experts, collectionneurs et marchands
considèrent comme le « style classique » de l’art fi guratif
Luluwa. Cependant, la distinction entre « classique
» et « non classique » s’estompe rapidement
dans les régions limitrophes du territoire luluwa, où
les frontières entre les arts des Luluwa et des groupes
voisins sont à la fois fl oues et changeantes. En ce qui
concerne les masques, il convient de souligner que
certains des exemplaires les plus connus semblent
être uniques, en tout cas, à ce jour. En outre, plus
FIG. 3 (À GAUCHE) : Danse
dyamba à Mukenge.
D’après Hermann von Wissmann et al.,
Im Innern Afrikas: Die Erforschung des
Kassaï während der Jahre 1883, 1884
und 1885 (3e édition), Berlin : Globus,
1891, en regard de la page 184.
Diffusée par le chef Kalamba-Mukenge
à la fi n du XIXe siècle, une nouvelle
religion axée sur la consommation du
cannabis, ou dyamba, était au départ
destinée à promouvoir la paix, la joie
et la vie éternelle.
FIG. 4 (PAGE DE GAUCHE,
EN BAS) : Objet de pouvoir.
Probablement Luluwa, RDC.
Corne, défense de phacochère, métal,
terre. H. : 20 cm.
Ex-coll. Fodor, Belgique ; Joëlle Fiess,
Belgique.
Collection Felix, Belgique.
Photo avec l’aimable autorisation du
Congo Basin Art History Research
Center, Bruxelles.
Les réceptacles naturels comme les
cornes, crânes de singes et coquilles
d’escargots fi guraient parmi les objets
de pouvoir personnels et portables
(les manga) chargés de substances
médicinales, les plus courants.
FIG. 5 (À DROITE) :
Figure masculine bwanga
bwa bukalenga ou bwanga
bwa lufu : Kayembe Munene.
Luluwa, probablement
le sous-groupe Bakwa
Ndoolo, RDC.
Bois (Quassia undulata), pigments.
H. : 70 cm.
Collectée sur le terrain par Tiarko
Fourche, Belgique, 1933-1936.
MRAC, Tervuren, 1946,
inv. EO.0.0.43847.
© Musée royal de l’Afrique centrale,
Tervuren, photo : Jean-Marc Vandyck.
L’appellation Kayembe Munene
consignée par Fourche lorsqu’il a
collecté cette fi gure est un nom propre
signifi ant « Grand Kayembe », mais
bien que ces fi gures honorent la
mémoire des ancêtres, elles ne peuvent
pas être considérées comme étant des
portraits.