FIG. 19 (À DROITE) :
Figure d’ogre-gardien
Nat-bilu.
Poudre compressée et laquée.
H. : 7,3 cm.
FIG. 20 (CI-DESSOUS) :
Pièce de bois médicinal
gravé de fi gures
fantastiques. Le revers
longuement gratté est
poli par l’usage.
H. : 9,5 cm.
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FIG. 21 (CI-DESSUS) : Deux
personnages accolés.
Poudre compressée et laquée.
H. : 3 cm.
FIG. 22 (CI-DESSOUS) :
Singe ithyphallique.
Figurine en poudre laquée et dorée
évidée par l’usage. H. : 7 cm.
parfois orné d’une barbe, est empreint de gravité
(fi g. 37). Il peut aussi s’agir, dans ce cas, de représentations
d’ermites (« Jathei » en birman, « Rishi »
dans la tradition hindoue, « Lersi » en pays Taï). À
noter que dans le théâtre de marionnettes birman,
le personnage de l’ermite, Jathei, est fait, non de
bois, mais de fl eurs pilées mêlées à de la résine. Il ne
joue pas, mais veille sur la scène tel un ange gardien
(Bruns, 2006) : le rapprochement avec les fi gures
de médecine plaide en faveur de l’hypothèse d’une
origine magique du théâtre de marionnettes.
Il existe encore, dans la pharmacopée birmane,
des fi gurines à l’image de déités d’origine indienne,
tels Ganesh (fi g. 28) (en birman, « Mahapeinne »)
à la tête d’éléphant, Hanuman, le dieu-singe du Ramayana
et Garuda, le griffon (fi g. 33), ici nommé
« Galon », qui au nord-est, associé au soleil, gouverne
la journée de dimanche. Toujours bénéfi ques,
les représentations de moines disciples de Bouddha
(fi g. 16 et 35) entre autres motifs religieux, comme
les modèles de pagodons dorés (il faut prendre
garde aux nombreux faux de ce type, vendus
dans le commerce de souvenirs, du côté du
lac Inlé), ont intégré elles aussi la pharmacopée
des Saya, aux côtés des fi gures
de Nats, de Bilu et autres gardiens.
En marge de cette liste foison-
DOSSIER
(fi g. 29), jouent dans la pharmacopée birmane un
rôle analogue à celui de leurs homologues sculptés
dans le bois, qu’ils soient propriété des chamanes-intercesseurs,
les Natgadaw (ou Na’gado), « épouses
de Nats », ou qu’ils s’alignent dans les temples qui
leur sont consacrés, tels ceux du mont Popa ou de
la pagode de Schwezigon, à Nyaung U, au nord
de Pagan. Mahagiri, le forgeron martyr, protège la
maison ; Min Kyawzwa, le fougueux cavalier (fi g.
32 et 41), offre un visage plus contrasté ; Maung Po
Tu, marchand de Pinya, en son temps (XIVe siècle)
capitale du royaume Shan, dévoré par un tigre sur
le mont Ongyaw, ne manquera pas de protéger le
client du Saya de l’attaque des fauves (fi g. 31).
Un personnage typiquement birman est le Zogji
(ou Zawgyi), magicien-alchimiste capable de voler
(fi g. 2, 18, 23, 36 et 37). Ses attributs sont un long
manteau et un bonnet de couleur rouge, ainsi qu’un
bâton dont il se sert pour faire des tours. En pratique,
les fi gures de médecine représentant le Zogji
sont plus souvent de couleur noire, et leur visage,
FIG. 23 (CI-CONTRE) :
Mortier et son pilon orné
d’une fi gure de Zogji.
Bois peint. H. (mortier) : 11 cm,
H. (pilon) : 13,7 cm.