MARCHÉ DE L'ART
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Sublimes miniatures
PARIS—S’il est un nom bien connu des amateurs d’art
d’Afrique, d’Océanie et d’Indonésie, c’est bien celui de
Patrick Caput. Expert renommé pour l’indépendance et la
justesse de son regard ayant collaboré avec de prestigieuses
maisons de vente, c’est comme collectionneur toujours
aussi assoiffé de nouvelles découvertes qu’à ses débuts,
il y a déjà cinquante ans, et toujours avide d’enrichir ses
connaissances et de partager sa passion qu’il se présente
dans l’introduction de l’ouvrage Arts d’Afrique. Portrait
d’une collection (5 continents Éditions, 2016), livre rendant
hommage à son goût et à sa sensibilité, aiguisés au fi l des
nombreuses acquisitions réalisées avec son épouse Béatrice,
avec grand discernement et assurance. Cette quête incessante
de beauté s’est également accompagné d’une quête
de sens, car pour le couple Caput l’appréciation véritable
de l’oeuvre passe par la compréhension intime de toutes
ses dimensions, formelle et usuelle, comme le démontre la
structure de cet ouvrage, riche en textes de nature anthropologique.
L’importance de l’engagement de Patrick et Béatrice
Caput dans la collection explique l’émoi suscité par l’annonce
de l’étude Binoche et Giquello de la mise en vente,
le 15 novembre prochain, de la collection de miniatures du
couple. Que personne ne se trompe : c’est bien l’intégralité
de cet ensemble qui sera proposé, et non pas une sélection
de pièces dont les collectionneurs aurait accepté de se
séparer. Statuettes, parures et objets d’usage et d’apparat,
les quarante oeuvres tenant pour la plupart dans le creux
de la main de la collection Caput s’érigeront en ambassadeurs
du grand art d’Afrique, d’Océanie et d’Indonésie. En
effet, c’est la statuaire bembé (RDC) dans toute sa splendeur
qui donnée à voir dans la statuette provenant de la
collection Max Pellequer et dont la douceur des formes
contraste avec la force du regard et la fermeté de la pose.
C’est la sophistication de l’art des Marquises qui s’exprime
dans toute sa puissance dans l’ornement ivipo haut de cinq
centimètres que Paul Rupalley, Charles Ratton et Michel Leveau
possédèrent avant les Caput. Enfi n, il pourrait y avoir
autant d’exemples que de lots dans la vente, c’est la pureté
des lignes et le caractère presque sculptural des effets de
matières sacrifi cielles qu’affi chent les créations de Kalimantan
(Bornéo) que célèbre le petit récipient à poison Dayak
de l’ancienne collection Marc Pinto.
Quelques pièces de plus grande taille viendront compléter
la vente « Miniatures ». Parmi les plus surprenantes,
un des quatre sceptres chokwe (Angola) connus, le seul en
mains privées. Inutile de dire que le 15 novembre est une
date à retenir pour tous les amateurs, qu’ils soient de fi ns
connaisseurs ou qu’ils souhaitent s’initier à ses arts lointains.
Pour toutes les illustrations :
Collection Béatrice et Patrick Caput.
Binoche et Giquello, 15 novembre.
À DROITE : Cuiller. Nuna,
Burkina Faso.
Ivoire. H. : 18 cm.
Est. 5 000 - 8 000 euros.
Binoche et Giquello, 15 novembre.
CI-DESSUS : Récipient.
Dayak, Est de Kalimantan.
Bornéo, Indonésie.
Bois. H. : 7,5 cm.
Est. 8 000 - 10 000 euros.
À DROITE : Statue d’ancêtre.
Bembé, RDC.
Bois et perles. H. : 14,5 cm.
Est. 80 000 - 120 000 euros.
CI-DESSOUS : Sceptre.
Chokwe, Angola
Bois. H. : 42 cm.
Est. 300 000 - 350 000 euros.
EN BAS À DROITE : Casque.
Proto-Senufo, Mali.
Bois. H. : 54 cm.
Est. 80 000 - 100 000 euros.
À GAUCHE ET DROITE : Canne. Baulé, Côte d’Ivoire.
Bois. H. : 156 cm.
Est. 35 000 - 45 000 euros.