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FIG. 1 (PAGE DE GAUCHE) :
Carte indiquant les îles
occidentales de l’archipel
Bismarck, les îles Caroline
et le nord de la Nouvelle-
Guinée. Le cercle en pointillé
désigne les îles Caroline
de l’Ouest, la région où
les charmes de navigation
étaient utilisés.
Cartographie : Alex Copeland,
polariscartography.com.
FIG. 2 : Pros de Satawal, courant grand laigue.
Encre sur papier. Image : 24 x 35,5 cm.
Planche 107 de l’ouvrage de l’amiral François-Edmond Pâris, Essai sur
la construction navale des peuples extra-européens ou collection des
navires et pirogues construits par les habitants de l’Asie, de la Malaisie,
du Grand Océan et de l’Amérique, Paris : Arthus Bertrand, Libraire,
1841-1843.
Collection ANMM, achat avec la contribution du Louis Vuitton Trust Fund,
inv. 00018656.
FIG. 3 (À DROITE) :
Charme de navigation hos.
Polowat, îles Caroline de
l’Ouest.
Bois, queue de raie, feuille de palmier,
fibres végétales. H. : 56 cm.
Museum fur Völkerkunde, Hambourg.
Dans mon article consacré aux
charmes de navigation de Micronésie, ou hos, paru
dans l’édition automne 2005 de Tribal Art magazine,
1 je m’étonnais de voir mes recherches m’amener
à la conclusion suivante : ces objets semblaient provenir
uniquement d’une région extrêmement limitée
du centre et de l’ouest des îles Caroline (fig. 1). Ils
prennent généralement la forme d’un torse et d’une
tête, parfois janiforme, et sont munis de queues
de raies pointant vers le bas et souvent attachées
avec des feuilles de palmier et des fibres auxquelles
sont éventuellement fixés d’autres éléments (fig. 3).
Ces objets étaient utilisés lors de rituels destinés à
conjurer les tempêtes lorsque des pirogues devaient
prendre la mer (fig. 2) et étaient amenés à bord pendant
le voyage, parfois logés dans une maison des
esprits attachée à l’une des bômes du balancier. Dans
mes communications personnelles avec l’éminent
spécialiste allemand de l’Océanie, le regretté Gerd
Koch,2 celui-ci m’a indiqué qu’il n’avait jamais
observé de tels charmes de navigation lors de ses
recherches sur le terrain dans les îles Tonga, Gilbert,
Ellice et Santa Cruz. En outre, le célèbre navigateur
autochtone Tevake des îles Reef (archipel Santa
Cruz), avec lequel Koch avait fait connaissance au
cours de ses voyages en 1966 et 1967, n’utilisait ni
incantations ni charmes de navigation pour éloigner
les tempêtes. Par ailleurs, mes enquêtes sur une
possible utilisation de ces charmes de navigation en
Polynésie centrale ou orientale n’ont rien donné.
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