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des catégories stylistiques les plus importantes. À
l’aide d’une analyse de style, j’ai proposé une distinction
entre plusieurs styles et sous-styles qui découlent
d’une corrélation de particularités formelles et des
rares informations disponibles quant aux origines
géographiques de certaines oeuvres conservées dans
des collections muséales. Les deux styles majeurs qui
ont été unanimement identifi és au sein du corpus
sculptural luluwa portent le nom des sous-groupes
dénommés Bakwa Mushilu et Bakwa Ndoolo. Le
premier est situé dans le nord du territoire
luluwa, aux alentours de la
ville de Demba, tandis que le second se
trouve au sud, près de Dibaya (fi g. 13 et
14). Le sous-groupe Bakwa Ndoolo a ensuite
été scindé en trois sous-groupes supplémentaires.
Les études de terrain fondamentales
effectuées par Albert Maesen au milieu des années
1950 et par Paul Timmermans au cours des
années suivantes ont permis d’associer deux de
ces sous-styles à des artistes donnés ou à leurs
ateliers : l’un d’eux était Mulumba Tshiswaka,
un artiste actif dans le village de Mbumba ;
l’autre s’appelait Luboyi Wandibu et était originaire
du même village (fi g. 15 et 16).
Le chapitre suivant met en lumière les diverses
formes d’art décoratif attribuées aux Luluwa et
accorde une attention particulière aux accessoires
qui ont été associés à la consommation de tabac et
de cannabis. Les mortiers et les pipes anthropomorphiques
typiquement luluwa sont bien connus des
collectionneurs et autres amateurs d’art africain.
Bon nombre de ces objets possèdent une fi gure accroupie,
dont les coudes reposent sur les genoux et
les mains tiennent les joues ou le menton (fi g. 17).
Parfois, leur visage et leur poitrine présentent des
scarifi cations. Si certaines sources littéraires ont
associé ces mortiers à cariatide à la consommation
de cannabis, il semble plus probable qu’ils aient surtout
été utilisés pour moudre et broyer les feuilles
de tabac, celui-ci étant vraisemblablement prisé plutôt
que fumé. D’autres spécialistes estiment qu’il est
possible de confi rmer que tant la consommation de
cannabis que la décoration des mortiers à l’aide de
fi gures anthropomorphiques proviennent des Tshokwe.
Même si l’usage ancestral du cannabis chez les
Luluwa est largement reconnu, l’impact du mouvement
religieux fondé sur la consommation de ce
narcotique à la fi n du XIXe siècle semble avoir été
fortement exagéré dans la littérature.
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