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FIG. 28 (CI-DESSUS) :
Figure de Ganesh.
Figurine en poudre laquée et
dorée évidée par l’usage.
H. : 7,1 cm.
FIG. 29 (À DROITE) :
Figure de Nat
indéterminé.
Poudre compressée et laquée,
H. : 9,6 cm.
FIG. 30 (À DROITE) :
Figurine de gardien.
Poudre compressée et laquée.
H. : 5 cm.
BIRMANIE
nante et pour compléter la panoplie, on peut encore
citer des objets atypiques comme ce modèle de flûte
en bois (fig. 11) servant, selon U Than Tun, à rappeler
l’âme-papillon (« leipbya ») du malade en danger
de mort, ou ce rare exemple d’un morceau de
bois ou de racine (fig. 20), orné de toute une série
de figures sculptées et portant au verso les traces
d’un long usage. Plus courants, et parfois confondus
à tort avec des boîtes à bétel, on rencontre des
réceptacles à médecine en bambou laqué (fig. 40)
ornés d’une figure de Nat-bilu et souvent pourvus
d’un couvercle également sculpté. Un creuset avec
son pilon orné d’une figure de Zogji (fig. 23) rappelle
le lien existant entre la recherche de l’élixir de
longue vie et les opérations alchimiques. Les objets
aniconiques, fioles de bambou et cônes ou cylindres
de poudre compressée et dorée, sont légion, mais
n’entrent pas dans le cadre de ces pages consacrées
aux objets figuratifs.
L’ASPECT ESTHÉTIQUE
Les objets considérés ne sont pas conçus a priori,
que ce soit par ceux qui les fabriquent ou par ceux
qui les utilisent, comme relevant du domaine des
arts. Ce qui est recherché par les uns et les autres, ce
qui fait leur valeur, c’est leur efficacité. Rien d’étonnant,
par conséquent, à ce qu’on ne trouve en eux,
sauf exception (fig. 16 et 41) aucun des caractères
auxquels nous ont habitués les productions de l’art
classique birman : raffinement des lignes, douceur
de l’expression allant parfois jusqu’à la mièvrerie,
exubérance décorative. Rien de « joli », de pittoresque
dans ces figures souvent brutales (fig. 27, 39
et 42), plus proches parfois des créations de l’art
tribal africain ou océanien (fig. 12, 13, 19 et 40)
que des oeuvres raffinées et savantes des sculpteurs
professionnels.
L’éloignement des centres urbains, anciennes
capitales royales ou fondations de l’époque coloniale,
le caractère au moins partiellement tribal, au
sens propre, des populations au sein desquelles ces
objets ont été produits – Shan des collines et des
montagnes, marginalisés au fil du temps après la
chute des royaumes Shan de Sagaing et de Pinya,
dans la deuxième moitié du XIVe siècle, le fait, enfin,
qu’il s’agisse là d’objets usuels, faits de matériaux
fragiles normalement voués à la destruction,
expliquent en partie l’aspect souvent rustique,
voire « primitif », de ces créations populaires.
Certaines de ces figures, fabriquées par le Saya
lui-même, doivent, pour être efficaces, se voir réalisées
en l’espace d’une nuit (U Than Tun, 2016).
C’est dire que celui qui les fabrique va droit à l’essentiel,
sans s’attarder aux détails. De là les deux
qualités majeures des figures de médecine birmanes,
abstraction faite de leur valeur thérapeu-
FIG. 24 (CI-DESSOUS) :
Pique de tatouage en laiton
ornée d’une figure de Nat.
H. : 39 cm.
FIG. 25 (À DROITE) :
Figurine de gardien.
Poudre compressée et laquée.
H. : 5,8 cm.
FIG. 26 (CI-DESSUS, AU
MILIEU) : Figurine d’ogregardien
aux yeux rouges.
Poudre compressée et laquée.
H. : 5,3 cm.
FIG. 27 (À DROITE) :
Vestige d’une figure
d’ogre aux crocs
proéminents.
Poudre compressée et laquée.
H. : 4,8 cm.