MUSÉE À LA UNE
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FIG. 4 (CI-CONTRE) :
Bouclier. Madagascar.
Avant 1891.
Peau de boeuf, bois. H. : 54 cm.
Inv. 71.1891.45.195.
© musée du quai Branly - Jacques Chirac,
photo : Claude Germain.
FIG. 5a-b (AU MILIEU et
CI-DESSUS) :
Bois de lit. Madagascar.
Bois.
Inv. 75.14706.1-j.
© musée du quai Branly - Jacques
Chirac, photo : Claude Germain.
FIG. 6 (À DROITE) :
Étoffe rabane. Madagascar.
Bois. L. : 190x cm.
Inv. 71.1899.56.3.
© musée du quai Branly - Jacques
Chirac, photo : Claude Germain.
Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, avec le
règne de Radama 1er (1793-1828) et la présence de
plus en plus affi rmée des Européens sur la Grande
Île, que l’on trouve les premières mentions d’objets
malgaches dans les listes des pièces vendues
en vente publique en France. Comme pour les
autres objets venus d’Afrique ou du continent
américain, ce sont les armes innombrables
qui vont constituer le premier fonds des collections
d’objets malgaches : boucliers (fi g.
4) et sagaies seront les éléments idéaux pour
composer des trophées sur les murs des salons,
des bibliothèques ou de ces toutes jeunes
institutions de l’époque que sont les musées
publics. C’est dans ce contexte qu’un bouclier
malgache aurait fi guré dans le musée de Marine
du Louvre, ouvert en 1748. Jusqu’à la fi n du XIXe
siècle, peu d’objets de Madagascar semblent susciter
l’intérêt des collectionneurs à l’exception de
quelques textiles réalisés en fi bres de raphia ou en
soie (fi g. 6, 8 et 10).
La France mène une conquête coloniale entre
1883, date à laquelle s’établit un protectorat, et
1897, année de l’annexion de l’île après sa pacifi cation
par le gé né ral G allieni. La jeune reine Ranavalona
III est, paradoxalement, un personnage assez
populaire à l’époque auprès des Français. Elle est
exilée à Alger et meurt en 1917. La période coloniale
prend fi n à l’indépendance proclamée en 1960.
L’art et l’histoire de l’art de Madagascar ont été
profondément marqués par la présence française
sur l’île pendant plus d’un demi-siècle. Jusqu’au
milieu du XXe siècle, il était possible de lire dans
les encyclopédies ou les dictionnaires que les arts
de Madagascar n’avaient pas la force des sculptures
du continent africain et n’atteignaient pas
non plus la délicatesse des objets asiatiques. Ces jugements,
émaillés de méconnaissances et d’a priori,
ne permettaient pas de comprendre que justement
les arts de Madagascar sont singuliers parce qu’ils
appartiennent à la croisée des mondes et, de fait,
ne peuvent être comparés à ce qui se fait ailleurs.
Les deux poteaux funéraires exposés à l’occasion
de l’exposition universelle qui s’est tenue en
1900 à Paris étaient avant tout des témoignages
ethnographiques pour le comité en charge de la
sélection pour le pavillon de Madagascar. Au moment
même où la sculpture du Cameroun et les
masques de Côte d’Ivoire inspiraient les artistes
occidentaux du début du XXe siècle, les oeuvres