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MUSÉE à la Une
L’histoire de Madagascar ne
commence pas en 1500, date à laquelle les Portugais
y accostent : le nom de l’île fi gure déjà sur
des mappemondes dès 1459 et, plusieurs siècles
auparavant, des commerçants arabes et perses ont
créé des comptoirs commerciaux dans la partie
nord de l’île. Des cultures anciennes, les recherches
archéologiques ont livré les éléments matériels
qui prouvent que, dès la période qui correspond à
l’époque médiévale en Europe, Madagascar est une
étape incontournable des échanges dans l’océan
Indien. Assiettes et plats en céramique importés
de Chine, fl acons et vases en verre venus de Perse,
perles, miroirs et autres objets qui ont voyagé depuis
l’Asie du Sud ont été retrouvés dans des sépul-
MADAGASCAR
Arts de la
Grande Île
Par Aurélien Gaborit
tures qui indiquent clairement que les pratiques
funéraires sont infl uencées par l’islam. À partir
de Madagascar étaient exportés des objets sculptés
dans le chloritoschiste, des matières premières
(minerais, bois), des épices qui ont permis à l’île
de s’inscrire très tôt dans le réseau commercial et
les routes migratoires entre le continent africain et
l’Austronésie. Le peuplement de la Grande Île est
encore assez diffi cile à préciser avant le Xe siècle
mais il est vraisemblable que des cultures étaient
implantées à une date très ancienne (au Ve siècle
et même avant) qui n’ont pas laissé assez de traces
matérielles. À partir du Xe siècle, des communautés
venues de l’Asie du Sud-Est et de la péninsule
Arabique se sont établies le long des côtes nord et
nord-ouest, créant par la suite des cités-États sur le
modèle swahili, enrichies par les échanges commerciaux.
Madagascar n’était une « île mystérieuse »
et isolée qu’aux yeux des Européens.