LIVRES
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Extrait de « Masques », poème de Nancy Cunard
écrit en français
(in Sublunary, 1923).
Rééd. in Parallaxe et autres poèmes hors-la-loi et
sublunaires, Nouvelles éditions Place, Paris, 2016.
Negro Anthology, nouvelle édition en fac-similé
119 euros
Nouvelles éditions Place, 2018
24,5 x 31 cm, 912 pages, richement illustré
www.nouvelleseditionsplace.com
FIG. 6 (FRISE CI-DESSOUS) :
Pages 817, 725, 307, 317 et
327 de la Negro Anthology
(1934, Nancy Cunard éd.),
édition en fac-similé réalisée
par les Nouvelles éditions
Place, 2018.
FIG. 7 (PAR REGISTRES, DE
HAUT EN BAS) : Pages 733-
419-656 ; 683-quatrième de
couverture-699 ; 718-422-
682 de la Negro Anthology
(1934, Nancy Cunard éd.),
édition en fac-similé réalisée
par les Nouvelles éditions
Place, 2018.
sible des réalités éthiques incompréhensibles ou
invisibles ; l’art africain, processus d’abstraction,
ne cherchait pas à faire naître la seule émotion
esthétique mais surtout à faire éprouver la fascination
de l’inconnu, cette vérité. De même, il faut
avoir la Negro Anthology entre les mains et feuilleter
l’ouvrage pour vivre ce qu’elle entendait nous
transmettre.
Lumière d’insomnie, veilleuse palpitante
Qui voyage sans arrêt ou les masques pendent au mur
Et me guettent mollement de leur coin des cieux.
Ils me dirent—Là-bas on vous attend toujours,
Sachant que jamais vous ne nous appartiendrez.
Ce soir, sur les voix russes et les chansons,
Il pleuvait—goutte à goutte les rires s’en allaient
Cherchant un asile dans la foule multicolore ;
Les voix déferlaient comme des vagues dans un port
Où balançent restreintes les naçelles éveillées.
J’étais une barque inconnue, une de celles
Filant parmi les autres, inaperçue,
Muette et sans lumière, qui n’attend aucune brise
Ni le réveil du jour—elle n’a jamais eu d’heure
Exacte où elle reprend sa destinée.
Les rires s’en allaient, je n’ai pensé à rien
Hors les yeux que je vois et qui ne me regardent plus.
L’aube d’une rue solitaire m’a tenu compagnie,
Et chez moi les masques ré veillé s, placides, pendus,
Cruç ifi é s extatiques que j’avais alignes,
Pleurent et sourient comme aux temps é coulé s.
Ils me voient du mê me regard quand je dé couvrais l’aurore
Par leurs yeux inlassables, blêmis, incolores,
Sans plaintes et paroles ils sont gais dans le vide—
organique, elle redéfi nit la modernité en la conjuguant
au pluriel. Elle décline la civilisation de l’universel
en la dé rivant de tous ses singuliers.
Cette édition en fac-similé est augmentée d’un
appareil critique. Trois introductions retracent la
genèse de la Negro Anthology, la replacent dans
son contexte historique et intellectuel, et éclairent
la pertinence de sa forme et de son contenu, qui sont
d’une grande actualité. En annexe se trouvent les
biographies des 155 contributeurs qui témoignent
du caractère très original et hors norme de cette
« anthologie ». Elles mettent en évidence l’importance
de la diaspora intellectuelle et politique noire
dans les années 1930 et ses liens avec les mouvements
intellectuels et politiques des avant-gardes
européennes et américaines.
La nouvelle édition en fac-similé de l’Anthology
est le prolongement logique du travail curatorial
de Sarah Frioux-Salgas. Les masques africains
n’étaient pas conçus pour être contemplés comme
des oeuvres d’art, mais pour être utilisés ; l’objectif
premier de la sculpture africaine n’était pas de
représenter le monde visible mais de rendre sen-
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