ACTUALITÉ MUSÉES
CI-DESSUS : Masque. Krou,
Côte d’Ivoire.
Bois, pigments. H. : 30 cm.
Collection de la Société des Missions
Africaines de Lyon.
© SMA.
CI-DESSOUS : Statue de
culte. Fanti, Ghana. Avant
1900.
Bois, perles, kaolin, fi bres végétales,
fer. H. : 39 cm.
Collection de la Société des Missions
Africaines de Lyon.
© SMA.
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Made in Africa
LEIPZIG—L’Afrique est ce continent immense et extrêmement
divers que l’on réunit bien trop souvent sous un
seul vocable. l’Afrique représente pourtant plus de cinquante
pays, quelque trente millions de mètres carrés et
une seule vague « africaine », un seul courant de mode
unifi ant sortant de ses frontières. C’est à cette idée aussi
réductrice qu’inexacte que tente de s’attaquer le musée
de Leipzig avec cette exposition Made in Africa, qui offre
un exposé fourmillant des designs et créations inspirantes
venus de toute l’Afrique et portés par les objets de la
vie quotidienne. Car la créativité vivifi ante des artistes et
artisans africains dépasse les frontières pour s’exporter
dans tous les méandres de la vie occidentale. Retrouver
les sources, rendre hommage aux créateurs autochtones
et avant-gardistes : voilà toute l’ambition de la présentation.
On est bien loin des usines de préfabriqués représentées
par le célèbre « Made in China ».
EN HAUT et EN BAS : Vues
de l’exposition Made in
Africa.
© Grassi Museum für Völkerkunde zu
Leipzig. Photo : Mo Zaboli.
CI-CONTRE : Tabouret.
Mwera, Tanzanie. Antérieur
au XXe siècle.
Bois.
Collecté par Cornelius Vogl.
© Collection Grassi Museum für
Völkerkunde zu Leipzig.
Photo : Erhard Schwerin.
CI-DESSOUS : Valise « cotcot
». Sénégal. 2017.
Bois recyclé, papier journal.
© Collection Grassi Museum für
Völkerkunde zu Leipzig.
Photo : Ute Uhlemann.
Afriques. Collections missionnaires
VICHY—La regrettable fermeture du Musée africain de
Lyon aura au moins permis aux collections de la Société
des missions africaines de voyager un peu. Une partie des
oeuvres se retrouve exposée au musée des Arts d’Afrique
et d’Asie de Vichy jusqu’au 31 octobre et pose la question
suivante : comment ces objets sont-ils arrivés là ? Les
missionnaires catholiques envoyés en Afrique furent les
premiers collectionneurs d’art africain, dont ils se fi rent
les détenteurs et les conservateurs. Passeurs d’histoire et
témoins d’une époque, ces pères missionnaires infl uenceront
le regard occidental porté sur les objets et artefacts
du continent colonisé. L’exposition tente de déjouer
les stéréotypes dont sont encore victimes aujourd’hui ces
pièces pour retrouver leurs sources et leur parole propre,
avec, comme exemple notable, les fétiches, objets de
dévotion païenne, issus de rites religieux traditionnels
relevant pour les Européens de la superstition ou de la
sorcellerie. L’incompréhension entre les peuples fut à
l’origine de ces chocs culturels et induisit la collecte massive
et forcée de ces objets ; leur arrachement à leurs
sociétés d’origine fut, en outre, le gage de leur conservation
: ce sont les oxymores auquel l’art africain doit faire
face aujourd’hui.