
95
C’est peut-être pour cette raison que les deux hommes
conviennent de mettre leurs objets en commun et de
partager équitablement les recettes de la vente2.
Ratton propose d’organiser la vente à l’Hôtel
Drouot de Paris (FIG. 8) au cours de l’été 1931.
Éluard n’est pas très optimiste et demande conseil à
Gala. Il écrit qu’« en ce moment, une vente ne serait
pas brillante. », mais ajoute : « Mais il faut considérer
1931
que pour quelques objets vendables que nous
avons, il y en a un bien plus grand nombre d’invendables
à l’aimable. Et le prix des objets se rétablirat
il ? C’est également un risque à courir de ne pas
vendre maintenant. » Ratton se montre en revanche
confi ant et n’hésite pas à donner au poète une avance
de dix mille francs. Si le marchand se montre à ce
point optimiste, c’est parce que la vente aura lieu à
un moment propice : « Il y a à cette époque l’exposition
coloniale », écrit Éluard « et il pense que ça aiderait.
3 »L’immense popularité de l’Exposition coloniale
internationale de 1931 (FIG. 6), qui promettait
au public « le tour du monde en un jour » et attira
quelque huit millions de visiteurs dans ses pavillons
sophistiqués installés dans le bois de Vincennes, a
effectivement aidé4. En collaboration avec le marchand
Louis Carré (FIG. 2), Ratton organise, à grand
renfort de publicité, trois ventes aux enchères, dont
FIG. 5 (CI-CONTRE) : Roger
de la Fresnaye (1885-1925),
portrait de Georges de Miré.
1910.
Oil on canvas. 130.8 x 97.8 cm.
Metropolitan Museum of Art, donde
Mme et M. Nathan Cummings, 1962,
inv. 62.261.
FIG. 6 (À DROITE) : Affi che
pour l’Exposition Coloniale
Internationale, Paris, mainovembre,
1931.
Extrait de L’Illustration, 25 Avril 1931,
« Annonces » XXIII.
FIG. 7 (CI-DESSOUS) :
Couvertures des catalogues
des trois ventes de 1931
menées par Charles Ratton et
Paul Éluard.
Avec l’aimable concours de l’auteur.