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Angeles et j’ai beaucoup appris grâce à lui. Il avait
toujours d’excellents objets qu’il me montrait avec
enthousiasme, même s’il savait que je ne pouvais
pas me permettre de lui acheter quoi que ce soit.
À ce stade, j’avais de nombreux faux masques
kifwebe qu’il identifiait comme tels lorsqu’il me
rendait visite. J’étais très naïf. Cependant, une
fois, il a dit : « Celui-ci est bon, mais pourquoi
le voudrais-tu ? » Et j’ai senti que je franchissais
une étape. Il m’a montré comment voir au-delà de
l’authenticité, m’aidant à reconnaître la qualité, la
beauté, la menace ou le pouvoir d’un objet.
Je voudrais préciser que lorsque je repense à
ce jeune artiste tentant de faire de la sculpture
que j’étais, je vois maintenant que je copiais des
oeuvres vues dans des musées et des galeries. Je ne
faisais rien d’original – au fond, je faisais de l’art
faux. Comme je grandissais et que ma démarche
mûrissait, je me suis vu dans mon travail et j’ai
commencé à faire ce que j’étais. Comme j’étudiais
les masques kifwebe, cette perspective d’avoir fait
de l’art faux a commencé à m’aider lentement
à reconnaître les faux masques. C’étaient des
copies sans vie, sans passion, sans la force d’un
but, sans raison d’être. J’ai encore fait beaucoup
d’erreurs, mais ma connaissance croissante des
styles et de leurs liens avec l’époque, l’âge du bois,
la technique de sculpture, etc., m’a donné une plus
grande compréhension, inspiration et confiance en
moi pour acquérir davantage de ces masques qui
me parlaient avec tant de force.
FIG. 2 (À DROITE) : Masque masculin kifwebe.
Luba orientaux, aire de Kabalo/Manono, RDC.
Bois, pigments naturels, poil animal, matières organiques.
H. : 41 cm.
Ex Jo de Buck, Bruxelles, 1998.
Très architectural.
FIG. 3 et 4 (CI-DESSOUS) : Vue de la collection
telle qu’elle est présentée dans la pièce de séjour
et dans la galerie d’étude surmontant l’atelier de
Woods Davy.