
3 QUESTIONS À KENDELL GEERS
Tribal Art Magazine : Cette exposition naît d’une
réfl exion que vous avez faite à Sindika Dokolo au
sujet de ses collections d’art classique et contemporain,
comme une seule collection. Pourriez-vous développer
Kendell Geers : L’exposition est le fruit d’une amitié
entre Sindika et moi-même, un artiste et un collectionneur,
artistes de l’exposition et de la collection sont également
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FIG. 9 (CI-DESSUS) :
Masque nimba baga
(Guinée) regardant la
sculpture de Chiurai
Kudzanai State of the
Nation, 2011.
lesquelles à vos yeux méritaient d’être vues
votre idée pour nos lecteurs ?
une expérience spirituelle de l’art enracinée
dans une communauté d’esprit. De nombreux
des amis, parce que nous avons trouvé notre
humanité et notre communauté à travers la foi en
l’art. La collection de Sindika m’apparaît comme
unique – et à bien des égard un modèle à suivre –
dans la mesure où elle s’enracine, non seulement
dans l’histoire de l’art africain classique, mais
parce qu’elle respecte aussi le fait que les traditions
changent, grandissent, évoluent et changent.
Par ailleurs, les artistes africains, tant urbains
que ruraux, qu’ils soient du continent ou issus de
la diaspora, du monde numérique ou de celui de
la mascarade, créent leur art à partir d’un besoin
spirituel de se faire entendre. Ces esprits pourraient
être aussi réels que les démons et les gardiens
incarnés dans un nkisi ou dans les manifestations
politiques du mouvement des Black Panthers. La
représentation n’est pas un privilège de riche pour
un artiste africain, pas plus que l’art ne relève d’un
passe-temps, car la représentation est le témoin
de la lutte des esprits qui sont une incarnation, de
façon plus puissante que l’expérience.
T. A. M. : Avec sa scénographie particulière plaçant
les oeuvres au centre de l’espace suivant des
associations évocatrices, IncarNations peut être
vue comme une oeuvre d’art en elle-même. Quel
en est le concept essentiel ?
K. G. : L’exposition aborde des questions profondes,
mais mon propos n’a été en aucun moment
de donner des leçons d’histoire ou de morale à
quiconque. Elle ne se veut ni encyclopédique, ni
FIG. 8 a-b (À DROITE, EN
HAUT ET EN BAS) :
Vue de l’espace consacré au
« Projet Dundo », initié par
Sindika Dokolo en 2014 dans
le but de retrouver les pièces
des collections du musée
régional de Dundo disparues
pendant la guerre civile
angolaise (1975-2002) et de
les faire retourner à leur pays
d’origine.
Treize objets ont déjà rejoint
l’Angola, le chasse-mouche
visible au centre de l’image le
fera bientôt.
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