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FIG. 18 (CI-DESSUS) :
Étui pare-fl èche plat.
Plateau occidental. Vers
1860.
Cuir brut de bison, pigments et cuir
tanné. H. : 38,1 cm.
The Nelson-Atkins Museum of Art,
Kansas City, Missouri. Don de William
A. et Alicia M. Miller, inv. 2016.45.
Photo : Joshua Ferdinand.
PÉRIODE DE TRANSFORMATION, 2001-2009
Au cours de la campagne de fi nancement du musée
dans les années 1990, Morton et Estelle Sosland deviennent
la force motrice de l’idée d’un département
amérindien pour l’institution. Au début de 2001,
des mécènes locaux et des amis de longue date des
Sosland, Fred et Virginia Merrill, mettent en place un
service de conservation et le musée crée un département
d’art amérindien. Peu après, le rédacteur en chef
du journal Kansas City Star et collectionneur Donald
D. « Casey » Jones (un ami proche de Ted Coe), laisse
un legs de cent seize objets amérindiens et un fonds
important pour les acquisitions (FIG. 6-8). La même
année, Marc Wilson, quatrième directeur du musée,
m’invite à évaluer le potentiel d’une nouvelle présentation
de la collection permanente du musée et du legs
des Jones. À l’époque, j’étais professeur des beaux-arts
à l’université Drake et curateur indépendant. En 2002,
j’ai l’honneur de devenir le conservateur fondateur du
département d’art amérindien de Nelson-Atkins.
MUSÉE À LA UNE
qu’un grand nombre de céramiques stellaires de Pueblo
et de tissages diné (Navajo). La Harvey Company,
dont on se souvient surtout pour ses activités de restauration
et d’hôtellerie dans le Sud-Ouest américain,
a joué un rôle important dans la vente d’oeuvres amérindiennes,
tant aux passagers traversant le pays avec
la Atchison, Topeka et Santa Fe Railway que par la
suite aux musées.
Depuis l’ouverture du musée en 1933 jusqu’au début
de 2001, il n’y a eu ni conservateur dédié à l’art amérindien
ni programme d’acquisitions. Il s’agissait plutôt
d’activités de collecte occasionnelles, mais quelques
oeuvres de très grande importance ont néanmoins
trouvé leur chemin jusqu’au musée, presque exclusivement
grâce à des donateurs locaux. Le remarquable
collier de l’artiste zuni Leekya Deyuse (1889 - 1966)
en est un exemple (FIG. 5).
De 1933 à 1975, une galerie consacrée à l’art du
Sud-Ouest, aimée des visiteurs et dont on se souvient
aujourd’hui comme de la « Indian Room » – avec
des vegas et dioramas de María Martínez, potière du
pueblo San Ildefonso, et un tisseur diné (navajo) à
l’oeuvre – a abrité la collection fondatrice au niveau
inférieur du musée. La présentation comprenait une
jarre polychrome du pueblo Santa Ana (FIG. 3), considérée
comme la plus belle du monde, et une extraordinaire
couverture diné (navajo) de chef (FIG. 4), une variante
de la première phase, créée entre 1830 et 1850.
En 1975, le musée démantèle la « Indian Room » et
déplace les objets qu’elle contenait dans l’entrepôt.
Au début des années 1980, les oeuvres amérindiennes
sont réinstallées dans une plus petite galerie au troisième
étage où se trouvaient les arts des Amériques,
de l’Afrique et de l’Océanie.
Un point culminant est atteint en 1977 avec l’exposition
Sacred Circles: Two Thousand Years of Native
American Art. Cette exposition encyclopédique et
novatrice comprenant plus de neuf cents oeuvres est
réalisée par Ralph Tracey « Ted » Coe (1929–2010),
conservateur peinture et sculpture au Nelson-Atkins
et en passe de devenir le troisième directeur de
l’institution. La Hayward Gallery de Londres qui en
était à l’origine n’avait pourtant aucune intention de
faire voyager l’exposition. Toutefois, le vice-président
Nelson A. Rockefeller (1908-1979) et Morton I. Sosland
(1925-2019), fi gure centrale à Kansas City et
important mécène du musée, dirigent les efforts pour
amener l’exposition au Nelson-Atkins et l’exposition
attire près de deux cent cinquante mille visiteurs au
cours de son séjour de deux mois au musée.