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FIG. 4 (CI-DESSUS) :
Couverture de chef.
Diné (Navajo). Arizona ou
Nouveau-Mexique. Vers
1840.
Laine teinte à l’indigo et laine brute.
136,5 x 186,1 cm.
The Nelson-Atkins Museum of Art,
Kansas City, Missouri. Acquisition :
The William Rockhill Nelson Trust,
33-1432.
Photo : Joshua Ferdinand.
Lorsque le Nelson-Atkins Museum of Art
de Kansas City, dans le Missouri, a ouvert ses portes
au public pour la première fois en 1933, des oeuvres
amérindiennes sont apparues dans ses galeries – une
démarche audacieuse à une époque où les objets
amérindiens étaient exposés presque exclusivement
dans les musées d’histoire naturelle, d’ethnographie
et d’histoire. Cinq jours avant l’ouverture, un article
du Kansas City Star décrivait les objets comme ayant
été « ... sélectionnés pour leur beauté plutôt que pour
leur valeur ethnologique ». L’article stipulait aussi :
« Ici, sur la piste de Santa Fe, la porte d’entrée du Sud-
Ouest, les administrateurs ont imaginé l’avenir de la
plus belle collection amérindienne au monde. »
Bien que pas plus d’une cinquantaine d’objets amérindiens
de la collection fondatrice du musée, qui en
comptait plus de quatre cent cinquante, ne répondent
aujourd’hui aux critères de grand art amérindien, la
vision originale des administrateurs guide toujours la
collection et son exposition au musée Nelson-Atkins.
En 2019, les collections et leur présentation reflètent
les avancées réalisées par l’institution. Elles révèlent
également l’évolution de la compréhension des valeurs
culturelles et esthétiques des Amérindiens.
DÉBUTS INSTITUTIONNELS
Le financement de base du Nelson-Atkins est assuré
par William Rockhill Nelson (1841-1915), fondateur
et éditeur du journal Kansas City Star. Nelson est un
urbaniste et promoteur immobilier. En tant que personnalité
publique influente et souvent controversée,
il se fait l’ardent défenseur du City Beautiful Movement
et de la création d’un musée de grandes oeuvres
d’art. Dans son testament, Nelson stipule qu’après la
mort de sa femme et de sa fille, sa magnifique maison,
Oak Hall, doit être démolie pour laisser la place à un
musée public. Le testament met également sur pied le
William Rockhill Nelson Trust pour l’achat d’oeuvres
d’art que la nouvelle institution accueillerait un jour.
Sa fille, Laura Nelson Kirkwood, décède en 1926 et sa