MUSÉE À LA UNE
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FIG. 15 (EN BAS À GAUCHE) : Gu.
Fon, République du Bénin. Fin XIXe siècle.
Fer. H. : 32 cm.
Collection Amy et Elliot Lawrence.
© Amy et Elliot Lawrence. Photo : Steven Tucker, 2016.
Cette fi gure fon de Gu, la divinité du fer, fut ramenée en France aux environs de 1900,
après la défaite et l’exil que les Français infl igèrent, en 1894, au roi du Dahomey,
Béhanzin. Cette oeuvre forgée, exceptionnelle et magistrale, de Gu en guerrier
arborant une épée de fer et un fusil à canon long, évoque les pouvoirs destructeurs du
fer. Il est, comme les Yorùbá disent, « une aiguille aux deux pointes acérées ».
FIG. 16 (À GAUCHE) : Bâton de médecine osun ematon.
Edo, Benin City, Nigeria. XVIIIe - XIXe siècle.
Fer. H. : 168,8 cm.
National Museum of African Art, Smithsonian Institution, achat et don du Dr Werner
Muensterberger, inv. 96-29-1.
© National Museum of African Art, Smithsonian Institution. Photo : Franko Khoury,
Le pouvoir d’un prêtre d’Osun, le dieu edo des médecines sacrées, réside dans ce
bâton qui fonctionne comme une arme de protection des dévots et de destruction
des ennemis. L’oiseau imposant au sommet de cet osun ematon est entouré par une
série de volatiles supplémentaires et d’animaux comme les serpents et les caméléons
associés aux forces de transformation. Des outils de forge miniaturisés ainsi que
différents éléments et armes en fer sont également fi gurés. Le bâton associe donc
le ritualiste d’Osun avec les forgerons, les chasseurs et les guerriers − tous adeptes
d’Ògún.
FIG. 17 (EN HAUT) : Autel ancestral asen, attribué à Akpele
Kendo Akati (actif au XIXe siècle). Fon, République du Bénin.
Moitié XIXe siècle.
Fer, raphia, bois, substances organiques. H. : 142,5 cm.
New Orleans Museum of Art, don de Françoise Billion Richardson, inv. 89.257.
© avec l’aimable autorisation du New Orleans Museum of Art.
Les Fon passent commande auprès des forgerons pour la production de bâtons asen en
forme de parasol, conservés dans des autels qui célèbrent les ancêtres et le panthéon
fon. Les asen sont surmontés de plate-formes circulaires abondamment décorées
de représentations humaines, d’animaux, de plantes et d’autres éléments de la vie
quotidienne. En tant que réalisations matérielles de poèmes laudatifs, ils honorent
les ancêtres et sont valorisés par l’art consommé des forgerons, capables de créer les
éléments fi guratifs miniatures de leurs « paysages mémoriels ».
FIG. 14 (CI-DESSUS) :
Récipient avec des fers de
pluie. Mumuye, Nigeria.
Moitié XXe siècle.
Fer, terre cuite. H. : 44,4 cm.
Fowler Museum à UCLA, achat, 2008,
inv. X2008.32.3.
© avec l’aimable autorisation du
Fowler Museum à UCLA. Photo : Don
Cole, 2018.
Le fer a un pouvoir spécifi que en
tant qu’offrande pour assurer des
pluies saisonnières et apporter des
récoltes abondantes. Les populations
mumuye de la moyenne Benue au
Nigeria considèrent que les individus
reconnus comme faiseurs de pluie
sont de puissants protecteurs de la
survie communautaire. Leur rituel de
supplications requiert des tiges dont le
fer est forgé en zigzag. On les utilise
isolément ou en faisceaux de branches
ondulées se projetant vers le haut.
Leurs formes énergiques rappellent
les éclairs ou les mouvements
furtifs des serpents qui rampent, qui
sont supposés présager la pluie. Ils
évoquent aussi les ruisselets sur la
terre asséchée et même les torrents.
Les faiseurs de pluie sécurisent les fers
dans le sol où, en tant que suppliques
visuelles, ils rassemblent la force vitale
de la terre.