MUSÉE à la Une
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Propos recueillis par Elena Martínez-Jacquet
FIG. 1 (CI-DESSUS) :
Maximilien Luce, Félix
Fénéon. 1901.
Huile sur carton. 45,5 x 39 cm.
Musée d’Orsay, RF 1980-189.
© RMN - Grand Palais - Adrien
Didierjean.
Cela faisait plusieurs années
qu’une exposition en hommage à Félix Fénéon
(1861 – 1944) était attendue. Elle aura lieu sous
la forme d’un grand événement en trois temps : à
Paris d’abord, au musée du quai Branly-Jacques
Chirac du 28 mai au 29 septembre 2019 et au
musée de l’Orangerie, du 16 octobre 2019 au 27
janvier 2020, puis à New York au Museum of
Modern Art au printemps 2020. Un tel déploiement
dans le temps et dans l’espace témoigne de
l’importance de cette personnalité hors norme que
fut Fénéon : critique d’art, homme de lettres, défenseur
des néo-impressionnistes, promoteur des arts
d’Afrique, collectionneur, anarchiste… les attributs
sont sans fi n.
Isabelle Cahn (conservateur général des peintures
au musée d’Orsay) et Philippe Peltier (ancien
responsable de l’unité patrimoniale Océanie – Insulinde
au musée du quai Branly-Jacques Chirac),
commissaires de ces trois manifestations, ont eu la
générosité de dégager du temps dans la dernière
ligne droite des préparatifs pour nous parler du
projet. Avec passion, ils ont dessiné le portrait d’un
Fénéon aux mille visages, ravivant ainsi l’aura d’un
personnage aussi brillant qu’insaisissable.
Tribal Art magazine : Pour la plupart des lecteurs
de ce magazine Félix Fénéon est avant tout
l’auteur de la fameuse Enquête sur des arts lointains
: « Seront-ils admis au Louvre ? », parue en
1920 dans Le Bulletin de la vie artistique, un texte
souvent cité comme l’un des piliers intellectuels
de la création du musée du quai Branly-Jacques
Chirac. Cela ne semblait être qu’une question de
temps pour que le musée lui consacre une exposition.
Comment le projet est-il né ?
Philippe Peltier : Félix Fénéon est un personnage
fondamental et, pourtant, très méconnu. Isabelle
pensait depuis très longtemps à un événement qui
permettrait de rapprocher cette fi gure du grand
public. Une telle exposition faisait pleinement sens
dans le cadre du musée d’Orsay (auquel est rattaché
le musée de l’Orangerie depuis juin 2010) par
la proximité de Félix Fénéon avec les artistes néoimpressionnistes,
et en particulier George-Pierre
Seurat et Paul Signac, ainsi que par sa facette
de critique d’art à la fi n du XIXe siècle. Ensuite,
comme vous le disiez, un focus sur Fénéon avait
toute sa raison d’être au musée du quai Branly-
Jacques Chirac par l’engagement de ce dernier
dans la reconnaissance des objets africains en tant
qu’art et par son activité de collectionneur.
Nous avons laissé l’idée mûrir et, il y a près
de cinq ans, le projet s’est mis en place de façon
naturelle. Pendant ce temps d’élaboration, Isabelle
et moi avons essayé de comprendre comment
toutes les facettes de Fénéon s’étaient enclenchées,
nourries, transformées ; et c’est avec beaucoup de
satisfaction que nous avons abouti à cette exposition
en deux volets à Paris, avec un troisième acte
au MoMA de New York au printemps 2020 qui
sera, en quelque sorte, une synthèse enrichie des
manifestations parisiennes.
FÉLIX FÉNÉON
Les arts lointains