historiques et ethnographiques et des extraits de fi lms,
y compris des arrêts vidéo commentés par le commissaire
principal Tom Joyce, sculpteur formé à l’art de la
forge. En se basant sur son expertise manuelle directe,
sa connaissance approfondie des techniques et spécifi -
cités stylistiques ainsi que sur ses recherches de terrain
extensives auprès de forgerons d’Afrique occidentale,
Joyce aide les visiteurs à observer de près la sélection
des pièces proposées. La présentation ci-dessous refl ète
ces différentes sections thématiques. L’exposition, présentée
actuellement au National Museum of African
Art, Smithsonian Institution, de Washington, DC,
jusqu’au 20 octobre 2019, fut développée et inaugurée
au Fowler Museum de UCLA. Du 19 novembre 2019
au 29 mars 2020, elle sera visible à Paris, au musée du
quai Branly - Jacques Chirac.
SECTION I : Introduction
Il y a plus de dix milliards d’années, l’explosion
d’étoiles et les trous noirs de galaxies lointaines ont
enrichi le cosmos en fer. Des particules en sont arrivées
ici sur terre − avec nous, autour de nous et en nous. Le
fer réside dans le noyau et la croûte rocheuse du globe
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FIG. 4 (À GAUCHE) :
Lampe à huile fi tula.
Sorko/Bozo, Mali. XIXe siècle.
Fer. H. : 143 cm.
Yale University Art Gallery, don de
Labelle Prussin, PhD, 1973,
inv. 2005.19.1.
© Yale University Art Gallery. Photo :
Don Whaples, 2005.
Cette lampe à huile somptueuse
ressemble à l’ « arbre de vie » ou
« arbre de lumière » hébraïque, que
l’on retrouve dans le système graphique
de la kabbale en Afrique du nord.
De tels motifs sacrés étaient exhibés
lors d’importants rassemblements
publics et privés, qu’il s’agisse de
mariages, de funérailles, d’initiations
ou d’événements sportifs. Chacune
des quarante-six coupelles devait être
remplie avec de l’huile ou de la graisse
animale et allumée avec une mèche
de coton. La luminosité était
ajustée à l’aide des petits
instruments − façonnés comme
des pinces de forgeron − qui
pendent sur les côtés. Les
décorations de cet objet forgé
contiennent de multiples
références symboliques. Les
vrilles qui évoquent une plante ou
un serpent signifi ent la croissance
ou le renouvellement, tandis que
les fl eurons en volute rappellent
les cornes du bélier et peut-être
aussi le sacrifi ce rituel d’animaux,
associé au culte des ancêtres dans
les traditions musulmane et juive.
FIG. 2a et b (PAGE DE
GAUCHE ET EN BAS) :
Vue de l’installation de
Striking Iron au Fowler
Museum, 2018, montrant la
projection vidéo immersive
de représentation du fer
à l’échelle microscopique
et macroscopique dans
l’univers, sur la terre, dans le
sang humain et dans la forge.
Vidéo © Peter Kirby.
Photos © Joshua White.
FIG. 3 (EN BAS À DROITE) :
Vue de l’installation de
Striking Iron au Fowler
Museum, 2018,
Photo © Joshua White.
Le cou, la poitrine et la taille de cette remarquable fi gure songye, à la coiffure
impénétrable hérissée de lames de fer, sont ornés de paquets d’ingrédients
magiques. Cet objet-force (nkishi), jugé trop « chaud » pour être touché en raison
de ses capacités surnaturelles, requérait des manches pour être manié en toute
sécurité. Deux tiges articulées de fer forgé, comme les râteaux à braises pour gérer
le feu du forgeron, étaient utilisées pour le transporter et le manipuler. L’accumulation
d’accessoires en fer renforçait le potentiel protecteur du nkishi et activait les
forces divines qui y résidaient. Le général Henry de la Lindi, qui le trouva en 1897,
prétendit qu’il avait été abandonné sur le champ de bataille à la suite de violentes
échauffourées entre les forces belges et les rebelles locaux qui comprenaient des
guerriers songye.
FIG. 5 (PAGE DE GAUCHE) :
Figure nkishi (objet-force).
Songye, RDC. Moitié - fi n
XIXe siècle.
Fer, bois, cauris, cuir, fi bres végétales,
substances sacrifi cielles. H. : 22,9 cm.
Musée africain de Namur.
© avec l’aimable autorisation du
Musée africain de Namur. Photo : Pierre
Wachholder, 2017.