CARL WILHELM ÖBERG
FIG. 13 (À GAUCHE) : Un fragment
délicatement sculpté de ce qui semble
être la moitié d’une frise horizontale
malagan.
Photo © Bart van Bussel.
Bien que la partie principale et l’image centrale soient
manquantes, le coquillage inséré (Turbo petholatus)
évoque l’oeil d’un calao dont le bec est accroché à
l’avant-bras d’un humain, étirant la main et les doigts.
Malheureusement, aucune information n’est fournie
par Öberg. Peut-être l’un des objets sans nom décrits
dans l’inventaire (no 20-25) comme des « Emblèmes
de danse, acquis à Kap Su ». Öberg a donné une frise
complète au Dr Palmquist (fi g. 33). Une frise de style
similaire apparaît dans Gunn & Peltier, 2006, pl. 96,
avec une provenance attribuée à A. Frings, île Nusa,
nord de la Nouvelle-Irlande, année 1905.
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FIG. 11 (CI-CONTRE) :
Objets de Nouvelle-Irlande
exposés entre les poteaux
malagan.
Photo © Bart van Bussel.
En haut, un attribut buccal de danse,
probablement une image de lézard
à tête d’oiseau. Similaire à Krämer,
1925, pl. 68, et Gunn & Peltier, 2006,
pl. 106 + 107. Au centre, un peigne
en bois. À propos des cônes en bois
destinés à évoquer les seins des
femmes, Öberg note : « Ornements
de danse, que les hommes portent
à la poitrine lorsqu’ils se déguisent
en femmes lors de leurs danses et se
livrent à de folles orgies. Ces danses
ont plus tard été abolies par les
missionnaires. » (réf. 23b). Similaire à
Krämer, 1925, pl. 23.
FIG. 12 (À DROITE) :
Installation au plafond.
Photo © Bart van Bussel
« Lances de Nouvelle-Bretagne et
Nouvelle-Irlande. La première citée
est faite avec le fémur d’un chef.
Le courage du chef défunt assurait
le succès du guerrier. La lance
de Nouvelle-Irlande possède des
décorations brûlées et a coûté quatre
bâtons de tabac. Deux massues de
parade originaires de New Hannover
acquises auprès d’Ugue », extrait de
l’inventaire de collection, no 5-7,
Hometown Museum, Stora Skedvi.
Une belle carapace de tortue, peutêtre
celle qui, selon Öberg, a été mise
en vente pour cent quarante marks
à Brême, « Nouvelle-Irlande (côte
chinoise), don de Tamaranget, chef des
Patemajan ».
d’une multitude d’îles, dont les
plus importantes sont la Nouvelle
Bretagne (Neu-Pommern)
et la Nouvelle-Irlande
(Neu-Mecklenburg) (fi g. 3).
L’intérêt de l’Allemagne pour
la région s’est manifesté dès
1860, par l’entremise du marchand
hambourgeois Johann
Cesar VI. Godeffroy (1813-
1885). La compagnie J. C. Godeffroy
& Sohn fut la première à se
lancer dans la production de copra
(de l’amande de coco séchée dont
on extrait de l’huile) dans les mers
du Sud11. D’autres sociétés commerciales
ont rapidement fait leur apparition
au cours des années suivantes,
toutes actives dans le secteur lucratif
de la production de copra, qu’elles
assuraient en annexant des
terres et en établissant des
plantations de noix de coco :
Hernsheim & Co., la Neuguinea
Kompagnie, E. E. Forsyth
& Co. (dirigée par la célèbre
« reine Emma ») et J. O. Mouton & Co. Hormis le
copra, d’autres produits naturels comme les carapaces
de tortue, les concombres de mer (bêche-de-mer), les
perles et les coquillages faisaient l’objet d’échanges
commerciaux, tandis que les pièces ethnographiques
devinrent des objets prisés à valeur marchande12.
Les besoins de main-d’oeuvre pour travailler dans
les plantations de copra étaient énormes, mais les
Européens, les Australiens et les autres étrangers
résidant dans l’archipel étaient dans l’incapacité d’y
répondre. Les conditions climatiques affectaient durement
la santé de pratiquement tous les nouveaux
étrangers arrivant sur les lieux, le paludisme était
très répandu et Öberg allait d’ailleurs le contracter13.
Sans surprise, la solution immédiate et peu coûteuse
à ce problème consista à recruter des travailleurs
issus des populations indigènes.
Dans ses mémoires, le Dr Albert Hahl, le gouverneur
allemand de l’époque, se souvient que la « population
blanche » présente dans toutes les colonies allemandes
des mers du Sud en 1909 atteignait mille soixantequinze
personnes14. Pour le seul archipel Bismarck,
la population indigène la même année comptait offi -
ciellement cent cinquante mille individus, tandis que
la « population blanche » s’élevait à quatre cent
soixante-deux personnes15.
AVANT 1900
Les notes d’Öberg consacrées à son séjour dans l’archipel
Bismarck commencent fi n 1893 et décrivent
une période très intense passée à naviguer entre les