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MARCHÉ DE L'ART
Collection Marceau Rivière
PARIS—La fi èvre qui anime le département Afrique
et Océanie de Sotheby’s à l’approche de la vente
du 19 juin prochain à Paris est le symptôme d’une
grande émotion : celle d’avoir eu le privilège de
mettre en valeur, et ainsi rendre hommage à l’une
des plus importantes collections d’art africain encore en
mains privées. Il s’agit bien évidemment de la collection
de Marceau Rivière : grand amateur, studieux, marchand
et expert en arts de l’Afrique subsaharienne, dont la discrétion
est proportionnellement inverse au faste qui se dégage
de l’ensemble formé par deux cent cinquante oeuvres
majeures, ayant fi guré pour beaucoup dans les principales
publications et expositions muséales.
Initiée il y a plus de cinquante ans, la collection Marceau
Rivière est le refl et d’une vie de passion consacrée à l’art et
à l’Afrique. Un premier masque acquis à l’âge de onze ans
témoigne de la profondeur de la fascination pour l’Afrique
née, alors qu’il était enfant, de la lecture des albums de Tarzan
et les récits des coloniaux et missionnaires de l’époque.
En 1957, Marceau Rivière est appelé en Algérie, et l’Afrique
devient pour lui une réalité bien concrète où il peut s’initier
aux missions de terrain grâce à son poste de méhariste
et à sa rencontre avec l’explorateur Francis Mazière.
Après cette expérience dans l’armée, viennent ses années
d’ingénieur. Pendant près de vingt ans, Marceau Rivière
sillonne le continent africain, et en particulier le Tchad, où
il développe une connaissance privilégiée des arts et des
coutumes des villages qu’il a l’opportunité de visiter. Ces
années sont aussi celles de la naissance à proprement parler
de sa démarche de collectionneur. Elles sont aussi celles
des rencontres, en Afrique, avec de grandes fi gures du
marché des arts africains : Paul Delcourt, André Blandin,
Philippe Guimiot, Pierre Dartevelle ou encore Jacques
Kerchache. Ces amitiés « africaines » s’ajoutent au réseau
de sociabilité en Europe et aux États-Unis tout aussi « africaniste
» dans lequel se trouvent des personnalités telles
que Merton Simpson, Maurice Nicaud, Samir Borro, Willy
Mestdach, René Rasmussen, et bien d’autres. Au début des
années 1980, Marceau Rivière entreprend de devenir luimême
marchand, suivant les conseils d’un ami qui
lui avait fait comprendre qu’il aurait ainsi l’opportunité
de voir passer un grand nombre d’objets. Cette
soif de découverte sera à l’origine de la galerie Sao,
rue Saint-Benoît à Paris ainsi que de l’enrichissement
considérable de sa collection personnelle auprès de
confrères et lors de ventes publiques.
L’expérience de terrain de Rivière et ses liens
étroits avec les principaux acteurs du marché des
À GAUCHE : Masque. Baule,
Côte d’Ivoire.
Bois. H. : 22,5 cm.
Collection Marceau Rivière, Paris,
acquis vers 1972.
À DROITE : Masque. Baule-
Yaure, Côte d’Ivoire.
Bois. H. : 35 cm.
Collection Marceau Rivière, Paris,
acquis vers 1984.
Ex-coll. Helena Rubinstein New York /
Paris / Londres ; Merton D. Simpson
(1928-2013), New York.
EN BAS À GAUCHE :
Oracle. Baule, Côte d’Ivoire.
Bois. H. : 26 cm.
Collection Marceau Rivière, Paris, acquis
vers 1985.
Ex-coll. Hans Himmelheber, Heidelberg,
acquis vers 1933 ; Alain de Monbrison,
Paris ; Daniel Hourdé, Paris.
EN BAS À DROITE :
Marceau Rivière (au centre)
avec Merton Simpson ainsi
que Willy et Marthe
Mestach.
CI-DESSOUS : Figure
gardienne de reliquaire.
Kota-Mahongwe, Gabon.
Bois, cuivre, laiton. H. : 39 cm.
Collection Marceau Rivière, Paris,
acquise vers 1990.
Ex-coll. Merton Simpson, New York.
Toutes les pièces seront proposées par
Sotheby’s, Paris, le 19 juin. Estimation
sur demande.
arts africains expliquent très certainement que sa collection
– particulièrement notable dans le domaine des
arts de Côte d’Ivoire – allie instinct, goût et prestige. Si
Marceau Rivière a fait le choix de disperser sa collection,
c’est pour en connaître la destinée ; une volonté
empreinte de poésie que la maison de ventes Sotheby’s
souhaite honorer avec de beaux résultats le 19 juin prochain.
Les efforts pour permettre aux amateurs de découvrir
la collection Rivière sont sans précédent. Après avoir
été présentée à Londres, Hong Kong, Bruxelles, Monaco,
New York ou encore Copenhague, la collection fi nira sa
tournée internationale au 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
avec une dernière exposition au public du 13 au 18
juin. Aux amateurs qui ne pourront pas s’y rendre, nous
recommandons vivement de se procurer le catalogue de
cette vente destinée – tel est du moins notre souhait –
à faire date.