des lance-pierres, des sacs, des fl èches, des arcs, des
lances, des tapis et des bracelets provenant de Nouvelle
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Bretagne, de Nouvelle-Irlande, de Bougainville
et de Buka. Elle comportait également quatorze
sculptures malagan, dont une frise horizontale complète
ornée d’un motif d’oiseau (fi g. 33).
Malheureusement, aucun de ces objets ne dispose
d’informations fournies par Öberg, tandis que Palmquist
pensait visiblement que ceux-ci provenaient
d’un seul et même lieu précisé par Öberg, étant donné
qu’ils étaient tous accompagnés de la légende «
Nusa, Nouvelle-Irlande » sur les cartes d’inventaire
de la collection de 1932. Ceci est confi rmé par des
lettres envoyées à Palmquist par Öberg lorsque celuici
résidait en Nouvelle-Irlande44.
Parmi les quarante-cinq objets concernés fi gurent
quatre têtes sculptées malagan de Nouvelle-Irlande
particulièrement inhabituelles (fi g. 28 à 31). Nous
savons aujourd’hui que des exemples similaires à ce
type de sculpture rare et singulier sont originaires de
la région de Namatanai, dans le centre de la Nouvelle
Irlande, et sont probablement l’oeuvre d’un seul
et même artiste45.
Entre-temps, la collection et l’histoire personnelle
d’Öberg ont été largement oubliées. L’événement le
plus marquant depuis sa mort est peut-être le rapport
annuel publié en 1981 par le Hometown Society
Museum de Stora Skedvi et dédié à Öberg. En
1982, la Collection des mers du Sud de Carl Wilhelm
Öberg a été reconnue par le département ethnographique
du musée de Göteborg. Selon une autre
anecdote, plus touchante, quoique moins fi able, la
vie d’Öberg aurait inspiré l’auteure suédoise de livres
pour enfants Astrid Lindgren lorsqu’elle a créé, dans
les années 1940, le personnage du père de la célèbre
Fifi Brindacier (Pippi Långstrump)46.
La photo illustrant la seconde coupure de presse,
sur laquelle Öberg apparaît assis à une table en train
de lire un livre, a été prise dans le salon du Hometown
Society Museum, où sa collection se trouvait
à l’époque et où elle se trouve toujours aujourd’hui,
exposée à l’étage juste au-dessus (fi g. 2, 5, 8).
ÉPILOGUE
À son retour en Suède en 1909, Öberg achète avec
ses économies une petite maison avec terrain dans
le hameau de son enfance, Hysta (fi g. 4). Il loue
le terrain et s’adonne, entre autres, à l’apiculture.
Durant les années suivantes, il accorde de temps à
autre des interviews à des journaux locaux pour parler
de son vécu et de ses expériences dans les mers
du Sud (fi g.14)47. Lorsque des personnes lui rendent
visite, elles sont accueillies par le chant assourdissant
des nombreux oiseaux exotiques abrités dans une
immense cage occupant la moitié de la cuisine. La
collection d’Öberg est conservée au grenier. Le long
poteau malagan est posé au sol, à côté de lances, tandis
que des sacs remplis de coquillages bordent les
murs48. Les gens se souviennent de lui comme d’un
homme charmant et réservé, même si son long séjour
dans les mers du Sud l’avait quelque peu changé49.
À la fi n du mois de juin 1932, Öberg tombe soudainement
malade et est hospitalisé. Il présente en
outre des symptômes de démence. Il ne regagnera
jamais sa maison et s’éteindra un an plus tard. Dans
le cimetière de l’église de Stora Skedvi, la tombe
d’Öberg est surmontée d’une pierre commémorative
fi nancée par la communauté locale (fi g. 35).
Laissons à présent à Öberg lui-même le soin de
conclure, en rappelant ces quelques mots, prononcés
des années après son retour chez lui :
Je suis parti en croyant fermement au bonheur. Le
bateau était mon univers. … Pendant vingt ans, les
mers du Sud ont été ma maison. C’était un monde
totalement différent, regorgeant de mystères et de
secrets. Un monde où cohabitaient la splendeur et
l’horreur, l’amour et la haine, le paradis et l’enfer, la
vie et la mort.51
L’auteur remercie chaleureusement Loed van Bussel ; Bart
van Bussel ; l’historien Leif Olofsson ; le Hometown Society
Museum de Stora Skedvi, Suède ; les conservateurs et le
personnel du Världskulturmuseet de Göteborg, Suède ; et
l’Etnografi ska Museet de Stockholm, Suède.
NOTES
1. Krämer, Augustin, 1925, « Die Málanggane von Tombara,
Munich » ; Stora Skedvi Hembygdsförening Museum, « C. W.
Öberg’s Söderhavssamling ». Dalarna, Suède.
2. Kulturnämndens Skriftserie, 4, 1981, « Stora Skedvi
Hembygdsförening : Söderhavsfaren Carl Wilhelm Öberg ».
Säters Kommun ; Kungliga Biblioteket Stockholm, Suède :
Dalpilen, 6 février 1906 ; Stora Skedvi Hembygdsförening.
Archives de C. W. Öberg. Stora Skedvi, Dalarna, Suède :
a) Carnets de voyage. b) Inventaire de collection.
3. Landstinget Dalarna, Archives. Ludvika, Suède.
4. Hobhouse, Hermione, 1994, « Survey of London », vol. 43 +
44, p. 397-406, Londres.
5. Kulturnämndens Skriftserie, 4, 1981, « Stora Skedvi
Hembygdsförening : Söderhavsfaren Carl Wilhelm Öberg ».
Säters Kommun.
6. Kulturnämndens Skriftserie, 4, 1981, « Stora Skedvi
PAGE DE DROITE :
Quatre têtes sculptées
malagan au style inhabituel
et singulier collectées par
Öberg et offertes au
Dr Palmquist, Suède.
DE GAUCHE À DROITE,
FIG. 28 :
L. : 80 cm.
Världskulturmuseet Göteborg,
inv. 1932.20.0001.
Photo © Världskulturmuseet Göteborg,
Suède.
FIG. 29 :
L. : 70 cm.
Världskulturmuseet Göteborg,
inv. 1932.20.0002.
Photo © Världskulturmuseet Göteborg,
Suède.
FIG. 30 :
L. : 75 cm.
Världskulturmuseet Göteborg,
inv. 1932.20.0003.
Photo © Världskulturmuseet Göteborg,
Suède.
FIG. 31 :
L. : 70 cm.
Världskulturmuseet Göteborg,
inv. 1932.20.0004.
Photo © Världskulturmuseet Göteborg,
Suède.
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