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cinquante kilomètres du sud au nord, se déversant
dans la mer de Bismarck de part et d’autre de Broken
Water Bay, quelque cent kilomètres au sud-est de la
ville contemporaine de Wewak. Le bassin du Sepik-Ramu
s’est formé relativement récemment, au cours des
six mille dernières années, ce qui en fait l’une des plus
jeunes localités riveraines géographiques du monde.
Auparavant, les deux vallées fl uviales et leurs plaines
inondables communes formaient une seule grande mer
intérieure de quelque deux mètres de profondeur dont
les côtes étaient formées par les contreforts actuels des
chaînes de montagnes qui bordent les vallées fl uviales.
Au cours de la dernière grande période glaciaire, le niveau
de l’océan a augmenté ou baissé en fonction des
réchauffements périodiques et de la fonte synchrone
des glaces, mais depuis la fi n du Pléistocène supérieur
il y a quelque douze mille ans, le niveau de l’océan est
resté relativement stable. Avec le léger soulèvement des
plaques tectoniques australiennes et pacifi ques qui a
suivi, la mer intérieure a commencé à se remplir lentement
de limon fl uvial. Ce processus, qui s’est déroulé il
y a plus de cinq mille ans, a créé le sinueux Sepik avec
ses nombreux méandres, bras morts et affl uents qui
l’alimentent ainsi que le Ramu tout aussi méandrique.
La transformation rapide d’une l’écologie basée sur
l’eau salée en un environnement d’eau douce a eu pour
conséquence que le délai d’évolution normal nécessaire
à l’adaptation des espèces ou à l’apparition de
nouvelles formes de vie a été limité. Ainsi, l’on estime
que les systèmes fl uviaux du Sepik-Ramu renferment
quelque dix pour cent de la biodiversité des rivières de
même envergure ailleurs dans le monde. Le Sepik et le
Ramu débordent chaque année et leurs tronçons inférieurs
sont temporairement reliés par les eaux montantes,
ce qui n’est pas sans rappeler l’ancienne baie.
Une des questions persistantes entourant l’élément
humain de la transformation du bassin du Sepik-Ramu
est celle de l’évolution culturelle des peuples ayant
habité la région pendant au moins quarante mille ans
et qui vivaient une vie d’agriculteurs dans la région
FIG. 5 (À GAUCHE) :
Figure cultuelle. Iatmul,
village d’Angoram, Sepik,
PNG. XIXe siècle.
Bois, pigments. H. : 64 cm.
Ex-coll. Ernst Heinrich ; Bad Cannstatt,
Stuttgart.
FIG. 6 (EN BAS) :
Cartes permettant de
comparer l’aire actuelle du
Sepik-Ramu et la grande baie
existante vers 6 000 av. J.-C.
Cartographie : J. M. Fogel Media, Inc.
PAGE DE DROITE
FIG. 7 (À GAUCHE) :
Contenant à chaux mbandi
iavu. Iatmul, Moyen Sepik
PNG. XIXe siècle.
Bambou, bois, fi bres, pigments.
H. : 60 cm.
Ex-coll. Walter Bondy, Paris ; Drouot,
Paris, vente des 8-11 mai 1928, lot
275 ; Ernst Heinrich ; Bad Cannstatt,
Stuttgart.
Photo : Hughes Dubois.
FIG. 8 (À DROITE) :
Charme de chasse et de
guerre yipwon. Rivière
Karawari River, PNG,
XIXe siècle
Bois, pigments. H. : 236 cm.
Ex-coll. père Joep Heinemans, Mission
catholique, Wewak, PNG ; Museum
voor Land en Volkenkunde, Rotterdam.
Photo : Hughes Dubois.
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