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locale : Kamehameha le Grand, roi d’Hawaï, posa
pour lui devant sa résidence royale à Kona (fig. 5).
Il recréa l’atmosphère flamboyante des îles, non
seulement avec son souci des détails, mais grâce à
son utilisation de la couleur. Sa palette hawaïenne,
avec ses nuances d’orange, de jaune et d’écarlate
(fig. 7-9), est totalement différente des tonalités
froides de vert, de bleu et de beige prédominant
dans ses peintures nordiques.
Les Philippines, la destination suivante du Kamchatka,
avaient une importance particulière pour
Tikhanov. Il fut non seulement le premier artiste
russe à visiter ce pays et à documenter son mode
de vie, mais il se « matérialisa » enfin en se plaçant
lui-même dans l’une de ses propres aquarelles, intitulée
An Indian Caught Tikhanov’s Hat and Ran
Away Next to a Shop in Manila, une image qui
évoque son agression dans les rues de la capitale
des Philippines (fig. 1). Malheureusement, il s’agit
de la seule image existante de l’artiste et elle ne
nous éclaire pas beaucoup sur son apparence.
La nature intense du voyage, son exotisme et sa désorganisation
pesaient lourdement sur la santé mentale
de Tikhanov. Ses peintures aux Philippines sont
les dernières de son voyage. Après cette étape aux
Philippines, il se sentit déprimé et finit par souffrir
de dépression nerveuse. Même si son état
s’améliora après le retour du Kamchatka
à Saint-Pétersbourg en 1819, cela ne perdura
pas et il fut placé dans un hôpital
psychiatrique. Il mourut en 1868 entouré
des soins de son collègue artiste et ami,
Ivan Luchaninov, et de son épouse, passant
une grande partie de sa vie perturbé
mentalement et incapable de peindre.
Ironiquement, ce n’est pas seulement
l’esprit de Tikhanov, mais aussi son héritage
qui s’évanouit peu de temps après la fin du
voyage. Malgré le projet initial de publier ses aquarelles
en même temps que les mémoires de Golovnin
sur son tour du monde, cela ne se produisit
jamais. En raison de problèmes de communication
peu clairs entre l’académie et Golovnin, le livre fut
imprimé sans illustrations et celles d’entre elles qui
avaient été sélectionnées à cette fin disparurent.
Plus d’un siècle plus tard, en 1965, certaines des
peintures de Tikhanov furent finalement publiées
dans une nouvelle édition du livre de Golovnin. La
collection principale de ses aquarelles subsistantes
se trouve aujourd’hui au musée de l’Académie des
arts de Russie à Saint-Pétersbourg.
BIBLIOGRAPHIE
Anichtchenko, Evguenia. « Tikhanov, Mikhail » dans
Envisioning Alaska: Artistic Legacy of Russian America.
envisioning-alaska.org, consulté en mars 2019.
Farris, Glenn J., 1995. « Miwok as Seen by Tikhanov in 1818 »,
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Museum, Banning, CA.
Rutenko, Yulia, 2010. « M.T. Tikhanov (1789 (?)-1862) -
Perviy Russkiy Zhivopicets, Pobivavshiy Na Fillipinakh »
M.T. Tikhanov (1789 (?)-1862) - Premier artiste russe
à avoir visité les Philippines, musée d’anthropologie et
d’ethnographie Pierre le Grand (Kunstkamera) de l’Académie
des sciences de Russie, Saint-Pétersbourg.
Shur, Leonid, 1971. « K Beregam Novogo Sveta » Aux rives
du nouveau monde, Izdatelstvo Nauka, Moscou.
FIG. 14 (À GAUCHE) :
Mikhail Tikhanov, Chef
kolosh de l’île Baranov
portant sa tenue de guerre,
Sitka, 1818.
Aquarelle et crayon sur papier.
33,4 x 46,2 cm.
Académie russe des Beaux-Arts, Saint-
Pétersbourg, inv. ƣƨ-610-Ʃ-2114.
FIG. 15 (À DROITE) :
Mikhail Tikhanov, Jeune
fille de l’île Kodiak nommée
Chenvychuk, Kodiak, 1818.
Aquarelle et crayon sur papier.
46,2 x 33,4 cm.
Académie russe des Beaux-Arts, Saint-
Pétersbourg, inv. ƣƨ-610-Ʃ-2121.
MIKHAIL TIKHANOV
FIG. 13 (CI-DESSUS) :
Mikhail Tikhanov, portrait
d’Alexandre Andreyevich
Baranov, Sitka, 1818.
Huile sur toile.
68 x 53 cm.
Musée historique d’État de Moscou,
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