112
FIG. 6 (CI-DESSUS) :
« Habitants des bassins de
l’Ogooué et du Gabon »,
1899.
Dans Élisée Reclus, Africa and Its
Inhabitants, Virtue and Company,
Londres, 1899, vol. II, p. 395, fi g. 190.
FIG. 7 (À DROITE) :
« Femme Fang ».
Dans Élisée Reclus, Africa and Its
Inhabitants, Virtue and Company,
Londres, 1899, vol. II, p. 396, fi g. 191.
et à environ trois cents kilomètres de l’embouchure
de l’Ogooué, censée découler du voisinage du
fl euve Gabun ; cet élément a son importance, car
l’embouchure de l’Ogooué étant souvent obstruée,
la communication serait possible par cet autre
canal. Le parcours de l’Ogooué, au fur et à mesure
de leur progression, s’est révélé être parsemé
de rochers et d’îlots, et de nombreux villages
misérables étaient visibles sur les rives. À Okota, ils
fi rent un crochet pour rendre visite au roi du pays
et, au terme d’une discussion houleuse, il leur fut
interdit par Sa Majesté de continuer. Un recours
judicieux aux menaces s’avéra toutefois effi cace
et l’expédition fut autorisée à continuer. Elle était
continuellement confrontée à des rapides et la
rivière semblait traverser une chaîne de montagnes.
Au bout de six jours de voyage, les rapides
cessèrent et le cours d’eau s’élargit jusqu’à atteindre
un kilomètre et demi, mais les bancs de sable et les
rochers n’étaient pas rares. Deux jours plus tard, le
27 janvier, ils atteignirent un village appelé Lope,
au-delà duquel aucun Blanc n’avait jamais pénétré.
Ici, l’entêtement des transporteurs les bloqua un
mois et ils passèrent le temps à explorer le pays
Okande, qui s’étend sur environ soixante-dix
kilomètres le long de la rive gauche de l’Ogooué.
Les Okanda traitent bien les commerçants, mais
sont excessivement paresseux : leur principale
occupation est d’acheter des esclaves, qu’ils
revendent aux tribus côtières. Finalement, le 28
février, cent vingt indigènes acceptèrent d’escorter
les voyageurs jusqu’au pays d’Osyebo. Le 3 mars,
ils passèrent devant un grand affl uent appelé Ofue,
ligne de démarcation entre les pays des Okanda et
des Osyebo et conduisant au pays des tribus Shibe,
une race d’hommes remarquablement raffi nés. Les
rives ici étaient bien boisées et formaient un abri
pour les tribus Osyebo, qui descendaient souvent
au bord du fl euve avec ce qui semblait être des
gestes d’amitié, mais l’équipe d’explorateurs ne
se risquait pas à y accorder foi. Le 10 mars, vers
six heures du matin, ils essuyèrent des coups de
feu tirés de la rive, six hommes furent grièvement
blessés et le bateau principal renversé. Après
avoir pris soin des blessés, ils reprirent le voyage
et atteignirent rapidement la rivière Ivindo, aussi
vaste que l’Ogooué, avec quelques chutes et
rapides dangereux et de vastes lacs nécessitant
environ quatre ou cinq jours de trajet. Là encore,
les Osyebo attaquèrent le convoi et les canoéistes,
terrorisés, battirent rapidement en retraite, en dépit
des vives remontrances des voyageurs français.
Cette affaire malheureuse mit fi n à l’expédition, qui
prouva néanmoins qu’une expédition bien équipée
pouvait pénétrer par cette voie sur une distance
considérable au coeur de l’Afrique équatoriale6.
HISTOIRE D'OBJET