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FIG. 7 (CI-DESSUS) : Carte
cabinet de C. W. Öberg.
Stamped Eden Society Studio.
Hometown Society Museum Stora
Skedvi.
Photo © Bart van Bussel.
Le studio a été établi en 1895-1900
à Sydney par Ernest Eden George
(1863-1927).
son plus jeune âge, Öberg se met à rédiger des
journaux intimes, des notes et des poèmes.
Plus tard, alors qu’il est un marin chevronné,
il note méticuleusement et presque quotidiennement
les conditions météorologiques, les
coordonnées, la direction et le lieu. Ses journaux
consistent en sept volumes individuels
écrits entre 1871 et 1903 (fi g. 6). Certains
regorgent d’exercices de composition, de
poèmes et de réfl exions sur l’existence. L’un
d’entre eux date de ses premiers pas dans la
marine et trois autres sont entièrement consacrés
à son séjour dans les mers du Sud.
Lorsqu’il fait escale à Londres, Öberg séjourne
toujours au Scandinavian Seamen’s
Temperance Hostel. Situé non loin des West
India Docks, c’est un bâtiment de cinq étages
possédant deux cents lits pour les marins et des appartements
séparés pour les offi ciers4. L’hôtel fut fondé en
1888 par la missionnaire luthérienne suédoise Agnes
Welin, qui avait précédemment dirigé la mission des
marins à Whitechapel, où elle rencontra probablement
Öberg. Ils sont restés en contact toute leur vie5.
Cette base londonienne offre à Öberg de nombreuses
possibilités de voyager dans les colonies britanniques.
Il embarque à bord de plusieurs bateaux naviguant
vers des ports australiens et néo-zélandais et transportant
des marchandises diverses, comme de la viande
FIG. 5 (CI-DESSUS) : Le Hometown Society
Museum à Stora Skedvi, abritant la collection de
C. W. Öberg.
Photo © Bart van Bussel.
FIG. 6 (À DROITE) : Les carnets de voyage de
Carl Wilhelm Öberg.
Photo © Bart van Bussel.
CARL WILHELM ÖBERG
lyophilisée et du blé. Chaque voyage dure
environ quatre-vingt-dix jours. De temps à
autre, les navires mettent le cap au sud vers
le cap Horn, avec une escale à Buenos Aires.
Un voyage en particulier vers le cap Horn
a soulevé des points intéressants concernant
la nature imprévisible des traversées, ainsi
que la personnalité et les compétences professionnelles
des marins de l’époque. Pris
dans une violente tempête, par des températures
glaciales, le navire tente de se frayer un
chemin parmi les icebergs. L’équipage, dont
fait partie Öberg, manoeuvre du mieux qu’il
peut, mais un mât se brise et vient heurter
Öberg, qui s’en tire avec trois côtes cassées.
En guise de premiers soins, on enveloppe sa
blessure avec un morceau de voile, mais il
doit rester à son poste. Après dix-neuf jours épuisants,
le navire et son équipage atteignent enfi n le
port de Neutral Bay, à Sydney6. Cette expérience
diffi cile en mer, une parmi tant d’autres, contraint
Öberg à rester à terre à Sydney et à prendre le temps
de se rétablir. Il gagne sa vie en devenant ouvrier
dans la construction ferroviaire et en travaillant
comme berger7.
Öberg reviendra très souvent à Sydney (fi g. 7),
notamment à la fi n de l’année 1887 à l’occasion
d’un voyage vers Suva, sur l’île de Vitu Levu, dans
l’archipel des Fidji, à bord d’un bateau transportant
du charbon et devant rapporter du bois. C’est là
qu’il achète une jupe en tapa (un lava-lava) à « une