CARL WILHELM ÖBERG
borg, en Suède, et remonte vers le nord en train et
en calèche en direction de Stora Skedvi31. Il revient
ensuite à Göteborg et navigue vers le port de Bremerhaven.
Parfois, il réserve auprès de la compagnie
Norddeutscher Lloyd une place sur son paquebot
naviguant vers l’Australie. Il lui arrive aussi de s’engager
comme marin sur un navire faisant route vers
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le Pacifique.
À l’été 1906, Öberg quitte son poste à Mongal
pour prendre de nouvelles fonctions dans les
îles Mortlock (l’atoll de Takuu
ou l’île Marqueen) (fig. 3.). Ses
relations avec la compagnie J. O.
Mouton & Co. devenant difficiles, il
ne restera qu’un an sur place, jusqu’à
l’été 1907, avant de prendre la direction
d’un poste commercial à Matamkabang,
sur la côte septentrionale de la
Nouvelle-Bretagne (Neu Pommern), à
nouveau pour le compte de la « reine
Emma » et de sa société E. E. Forsyth.
D’après ses notes, ce poste commercial
se trouve « au pied d’un volcan en ébullition
». Par ailleurs, Öberg s’attendait
visiblement à ce qu’on lui propose un
autre travail. Les produits disponibles
sont pour l’essentiel de la bière, du vin,
du cognac, du whiskey, du schnaps,
etc., mais selon Öberg, ils ne peuvent en
aucun cas être vendus à des autochtones32.
Au début de l’année 1908, Öberg devient responsable
de plantation sur l’atoll Tasman (Nukumanu),
toujours pour Forsyth. L’atoll abritait une plantation
de copra depuis de nombreuses années et Öberg
s’y était déjà souvent rendu. En plus de son travail, il
met à profit ses connaissances nautiques pour sillonner
l’atoll et dessiner une carte soignée et rigoureuse,
sur laquelle il inscrit quelques annotations personnelles
comme « village des indigènes » et « ma maison
» (fig. 34)33. Cette carte constitue une découverte
exceptionnelle, jusqu’alors passée inaperçue parmi
les documents d’Öberg encore disponibles. Il est
d’ailleurs intéressant de la comparer à la carte dressée
en 1910 par l’ethnologue Ernst Sarfert et reconnue
par la communauté scientifique34.
Parmi ces documents figure également une lettre
destinée à E. E. Forsyth à Ralum, datée du 25 juillet
1908, Tasman Plantation, ayant pour en-tête « Liste
des effectifs ». On y trouve le nom d’individus décédés
ainsi que ceux de quarante-six indigènes, avec
FIG. 21 (CI-DESSUS) :
Récipient à chaux des îles de
l’Amirauté.
Photo © Bart van Bussel.
FIG. 22 (À DROITE) :
Sculpture.
Photo © Bart van Bussel.
Une description figure dans
l’inventaire sous le no 26 et a
probablement été écrite pour cette
sculpture : « Femme non mariée des
îles de l’Amirauté. Ses cheveux sont
actuellement bien en place, mais
seront coupés à l’aide de dents de
requin lorsqu’elle se mariera. »
avant de repartir tout aussi vite, emportant
avec elle des parties de ses bâtiments et
d’autres effets personnels. Parfois, la région
est secouée par de violents séismes, provoquant
de nombreux dégâts. Les références au
paludisme, à la fièvre et à l’infection ne sont pas
rares dans les carnets de voyage d’Öberg, qui doit
aller jusqu’à Käwieng (Kavieng) pour recevoir des
soins médicaux.
Dans la ville voisine de Kapsu, il indique avoir
acheté divers équipements et marchandises au poste
commercial établi et géré par la Hernsheim & Co.
D’après ses notes, il ne cherche pas à tout prix à se
procurer de l’alcool, mais est en revanche très friand
de tabac et de café.
Malgré toutes ces années passées loin de chez lui,
Öberg rend régulièrement visite à sa famille et à ses
amis dans sa ville natale en Suède. Dans ses écrits,
il précise qu’il revient parfois tel un marin heureux,
avec beaucoup d’aventures passionnantes à raconter
et des cadeaux à offrir à son entourage. En revanche,
il lui arrive de rentrer dans un état pitoyable, car
il souffre du paludisme ou d’une autre maladie et,
dans un cas précis, parce qu’on l’a dépouillé de tous
ses biens30. Lors d’un retour en particulier, Öberg se
rend à Londres et prend le temps de visiter l’exposition
The Empire of India and Ceylon organisée en
1896 à Earls Court. Il gagne ensuite le port de Göte-