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d’art, on oublie seulement que le seul article qui
peut être vendu à bon marché est l’article faux.
Ils serait trop long de raconter ici comment j’ai
pris l’initiative en 1929, d’établir la provenance de
faux objets d’ivoire et de bois et comment je tiens
actuellement la preuve des ces indélicatesses, grâce
au témoignage d’une personnalité impartiale.
Pour autant que mes recherches aient été suffi -
samment poussées, je puis affi rmer que la Belgique
n’est pas un centre de fabrication de faux objets
d’art nègre.
Malgré de longues et nombreuses démarches, afi n
de dépister les faussaires, je n’ai découvert qu’un
seul atelier ou le « technicien » faisait d’ailleurs
innocemment un métier dangereux, puisque son
profi t personnel était normal. On lui demandait
d’imiter des objets nègres, il le faisait avec
la conscience que montrent les copistes des
musées… après quoi un intermédiaire lançait
sans scrupule ces objets sur le marché et les
présentait comme des objets d’une grande
valeur, d’une authenticité incontestable.
Ne dissimulons pas que certains « connaisseurs
» ont pu être trompés tant le copiste
était habile et appliqué. Que faut-il en
conclure ?
C’est qu’il ne suffi t pas d’admirer l’art
nègre, il faut aussi le connaître
et ne pas hésiter à consulter les
ouvrages spéciaux ou à recouvrir
à des personnes qui professionnellement
sont tenues d’avoir en ce
domaine une prudence exemplaire ;
la précaution est recommandable autant
que facile à prendre. Les spécialistes
de l’art africain ne manquent plus,
qui possèdent des connaissances particulières
et offrent à cet égard des garanties
extrêmement sérieuses.
De même qu’il serait insensé de s’affoler,
il serait tout aussi regrettable de fermer
les yeux. Peut-on jamais regretter les mesures que
commande la prudence ?
Je mets bien volontiers à la disposition de ceux
qui vont prendre la défense du véritable art nègre,
le fruit de mon expérience et des efforts que j’ai
faits pour défendre le droit des amis de l’art nègre,
à posséder des objets authentiques.
L’union de tous fera le salut de cette cause, qui ne
peut être une cause perdue.
forget that the fake object is the only one that
can be sold cheaply.
I haven’t the space here to go into detail
about how I took the initiative in 1929 to
ascertain the provenance of fake ivory and
wood objects nor to explain how I have actual
proof of this deceit in the form of the testimony
of an impartial party. However, inasmuch
as my research was sufficiently thorough, I
can affirm that Belgium is not a center for the
manufacture of fake art nègre objects.
My many and thorough attempts to expose
fakers resulted in my discovering only one
workshop in which a skilled craftsman was
actually practicing this dangerous craft—albeit
relatively innocently, since he profited
only nominally from his activity. He was
asked to copy art nègre objects and he did
so in the same way as copyists in museums
do the same kind of work. Subsequently, an
unscrupulous middleman put these objects
on the market and presented them as being
of great value and of unquestionable authenticity.
We shouldn’t attempt to conceal the
fact that these copies were so skillfully and
convincingly made that some “connoisseurs”
were deceived.
But what are we to conclude? We must
recognize that it is not enough to admire art
nègre; one must also know it and be willing
to consult both reliable works on the subject
and the people who have made it their area
of professional expertise and who can be held
accountable for their good judgment. Taking
precautions is both laudable and easy to do.
There is no longer any shortage of African art
experts and these do very serious work and
are prepared to make real guarantees.
It would be as wrong to be overly concerned
here, as that would be tantamount to closing
one’s eyes. Does one ever regret taking the
measures that prudence and caution dictate?
I will be more than happy to put the fruits
of my experience and the efforts I have made
to defend the rights of my friends who have
championed art nègre to own authentic works
at the service of those who would defend and
promote authentic examples of this art.
Our unity will enable us to prevail in this
cause, which we cannot allow to be lost.
s’affo-
FIG. 2a-b (CI-DESSOUS) :
V ersion dactylograph iée de l'article
de J eanne W alsch ot retranscrit
¿ dqlement dans Fette double
page et intitulé L’ar t nègre a ses
faussaires.
D até de 19 33, ce texte avait été
pub lié dans le Bulle tin de
l’Union des fe mmes coloniales,
( n°55, p. 4).
Arch ives du MRAC, dossier
d'acq uisition D A.3.886.
FIG. 2 (ABOVE):
Typescript of th e article b y
J eanne W alsch ot transcrib ed and
translated on th is spread titled L’ar t
nègre a ses faussaires (African
Ar t and Its Forgers). D ated 19 33,
this text Zas ¿ rst Sublished in the
Bulle tin de l’Union des fe mmes
coloniales ( no. 55, p. 4).
R0C$ arFhiYes, aFTuisition ¿ le
D A.3.886.