
L’intérêt du MRAC
pour les artistes
s’inscrit dans une ouverture à l’art contemporain
commune à de nombreux musées. Mais la démarche
diffère car il s’agit d’un musée dont les collections
ont été constituées dans un contexte colonial. Les
collections et le bâtiment lui-même s’offrent comme
un terrain de recherche pour des artistes. Depuis
2009, la collaboration se concrétise, entre autres,
lors de résidences annuelles. Pour l’heure, le musée
n’essaie pas de constituer une collection d’art
contemporain mais invite les artistes à revisiter les
collections. À côté de cela, le musée a également
acquis des oeuvres en lien avec l’institution. Elles
seront accrochées dans le musée rénové.
Ces oeuvres interrogent un espace chargé
d’histoire. Elles font corps avec le bâtiment et
revisitent le contenu colonial. C’est le cas de
« Réorganisation » de Chéri Samba (fi g. 2), peintre
L’art contemporain au Musée royal de l’Afriq ue centrale
kinois qui interroge la rénovation du musée ;
il en va de même pour l’installation de Freddy
Tsimba « Ombres » dans la salle Mémorial (fi g. 1).
Produite lors de la résidence de l’artiste en 2016,
elle commémore directement la mémoire des sept
Congolais décédés pendant l’exposition de 1897
et par extension rend hommage aux victimes
congolaises de la colonisation. Dans une galerie
attenante, Michèle Magema se met en scène aux
côtés de sa mère et de sa grand-mère, trois femmes
frontales regardant le visiteur dans une installation
de photographies et dessins intitulée « Mémoires
Hévéa » (fi g. 5a-c). Dans la salle Afropeans,
consacrée à la présence africaine en Belgique, Aimé
Ntakiyica propose « Une histoire de famille : Arbre
généalogique n° 1 », oeuvre qui offre un éclairage
sur l’histoire de la diaspora burundaise. Au centre
de la grande rotonde du musée, là où la propagande
FIG. 1 (EN BAS À
GAUCHE) : F reddy Tsimb a ( né
en 1967). O mbres, 2 016.
V it et travaille à K insh asa, RD C.
Installation graph iq ue et lumiè re
du jour.
MRAC, 2 016.45. © F. Tsimb a.
FIG. 1 (BELOW LEFT):
F reddy Tsimb a (b. 1967). O mbres,
2 016.
Lives and works in K insh asa,
D R Congo.
Installation with graph ics and
dayligh t.
RMCA, 2 016.45. © F. Tsimb a.
Contemporary Art at th e Royal Museum for Central Africa
Par / By Christine Bluard
The opening of the RMCA to living
artists is part of a more general trend among ethnographic
museums to feature contemporary art,
but the approach here is unique, since this is a museum
collection that was assembled within a colonial
context. The collection and even the building
itself serve as a source of inspiration for the artists.
Since 2009, this collaboration has involved
annual residencies, and while, for the moment,
the museum is not seeking to build a contemporary
art collection, it invites artists to reinterpret
its collection. That said, the museum has acquired
certain works that have a direct connection with
the building or past exhibitions, and these will be
displayed as part of the museum’s renovation.
These works are installed in a space that is fraught
with history, and most of them work with the building
itself to look back at the colonial past. This is
the case for Kinshasan painter Chéri Samba’s work
Réorganisation (Reorganization), which examines
the museum’s renovation (fi g. 2). The same is true
for Freddy Tsimba’s Ombres (Shadows) installation
in the Salle Mémorial (fi g. 1). This work, produced
while the artist was in residence in 2016, is
a commemoration dedicated to the seven Congolese
individuals who died during the course of the
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FIG. 2 (CI-DESSUS) :
Ch éri S amba (né en 1956).
Réorganisa tion, 2 002.
V it et travaille à
K insh asa, RD C.
H uile sur toile, 104 x 134 cm.
MRAC, HO.0.I.3865.
© C. S amba.
FIG. 2 (ABOVE CENTER):
Ch éri S amba (b. 1956),
Réorganisa tion, 2 002.
Lives and works in
K insh asa, D R Congo.
O il on canvas. 104 x 134 cm.
RMCA, HO.0.I.3865.
© C. S amba.