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FIG. 3a-b : Statue
nkishi. S ongye, RD C.
H. : 88 cm.
Ancienne collection de la
F irme E lmar. I nscrite en
195 1 dans les collections du
MRAC, EO.195 1.10.1.
a- © MRAC, ph oto :
R. Asselb ergh s dans Trésors
Cachés ( 1995).
b - © MRAC, ph oto : H ugues
D ub ois dans Le Sensible e t
la Force (2 004)
dans une politique d’expositions temporaires7.
Le terrain semblait donc favorable pour accueillir
le projet d’exposition que me proposa Louis De
Vries quelques mois plus tard… si ce n’est que son
projet d’une exposition de chefs-d’oeuvre n’était lié
ni de près ni de loin aux recherches en histoire de
l’art et en anthropologie que nous avions commencé
à mener au sein de la section d’ethnographie.
Pourtant, dès qu’il m’exposa son idée, je décidai
de la défendre auprès de la direction, non sans
quelque appréhension, je le rappelle.
Prélude
Reportons-nous donc à ce jour de l’hiver 1992-
1993, lors de la rencontre de Louis De Vries avec
Dirk Thys van den Audenaerde.
Louis De Vries trouva les mots pour lui dire à
quel point l’ensemble des spécialistes, conservateurs
et amateurs d’art africain de par le monde
n’attendaient qu’une seule chose : pouvoir enfi n
découvrir et contempler les chefs-d’oeuvre qui dormaient
dans nos caves. Il insista sur le fait que le
musée était une institution publique à la tête d’un
énorme patrimoine artistique et qu’elle se devait de
faire connaître ce trésor à un large public. Il avait
aussi l’intime conviction qu’une exposition de type
esthétique organisée par Tervuren contribuerait à
combler le fossé qui s’était creusé entre l’univers des
amateurs et collectionneurs d’art africain et celui des
ethnologues et historiens de l’art (j’y reviendrai).
J’ai défendu pour ma part qu’une exposition à
caractère esthétique montrant nos chefs-d’oeuvre
n’empêchait pas de mettre en évidence dans le catalogue
la fonction et la signifi cation que ces objets
avaient revêtues au sein de leur société, et d’allier
ainsi le sens à la beauté.
Enfi n, il était évident qu’une exposition des
chefs-d’oeuvre inédits du MRAC allait attirer un
grand nombre de visiteurs, et que cette exposition
pourrait bien devenir la locomotive qui allait
entraîner d’autres événements plus thématiques,
permettant cette fois d’exploiter les recherches que
nous menions au sein de nos collections.
J’avoue ne pas me souvenir si Dirk Thys fut
réticent, hésita longtemps ou demanda à réfl échir,
mais, au fi nal, il accueillit favorablement le projet.
Je saluai intérieurement l’esprit d’ouverture et d’àpropos
dont il fi t montre alors, car je gardais en
mémoire ce qu’il avait écrit sur l’art africain huit
ans auparavant.