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À ce besoin de prendre position par rapport à ce
pan de l’histoire, s’ajoute le souhait de s’intéresser
à l’Afrique du XXIe siècle – à sa biodiversité, ses
ressources, son art contemporain – et de devenir
un lieu de référence également pour la diaspora
d’aujourd’hui.
T. A. M. : Comment aborde-t-on une mission
aussi ambitieuse et complexe ?
G.G. : Une transformation à ce point profonde ne
s’improvise pas. Elle a été initiée, comme je l’évoquais,
bien avant la fermeture du MRAC pour
travaux en décembre 2013. Dès le début de mon
mandat, nous avons travaillé dans les trois directions
qui sous-tendent le nouveau musée que le
public pourra découvrir le 9 décembre prochain.
Notre priorité a été de développer et de renforcer
nos liens avec les communautés africaines, à la
fois en Afrique et sur le territoire belge, notamment
par la mise en place de programmes culturels
communs, ainsi que par le partage de connaissances
avec les institutions africaines. Nous nous
sentons concernés par les réfl exions suscitées par
les déclarations du président Macron à Ouagadougou
sur la restitution des oeuvres d’art à
l’Afrique. Il nous semble important de trouver des
façons de faire revenir une partie de ce patrimoine
qui se trouve en Europe, en Afrique ou, au moins,
de faciliter l’accès à ces collections aux institutions
africaines.
Ce dernier point auquel nous tenons beaucoup,
nous l’abordons par le biais de la digitalisation
de nos collections. Depuis une dizaine d’années
déjà, nous y consacrons un budget annuel de cinq
cent mille euros en moyenne – une somme conséquente
compte tenu de notre économie limitée –,
mais il s’agit d’une entreprise titanesque tant nos
fonds sont immenses. Le MRAC compte en effet
cent trente mille objets ethnographiques, dix
millions d’espèces zoologiques, quatre kilomètres
d’archives, et j’en passe ! Nous avons encore
beaucoup de travail à faire mais nous avançons
aussi vite que possible, et c’est avec fi erté que je
peux dire qu’à ce jour nous avons déjà digitalisé
deux cent mille photos de nos archives et que près
de trois mille objets, dont, bien entendu, les chefsd’oeuvre
du musée, sont désormais accessibles en
ligne. Le travail effectué dans ce domaine nous
a valu récemment l’octroi d’un crédit spécial de
notre ministre de la Coopération, afi n d’assurer
The RMCA has some 130,000 ethnographic
objects, ten million zoological specimens, four
linear kilometers of archival materials, and ... a lot
more. We have a great deal of work to do, but we
are moving forward as quickly as possible, and I
am proud to say that we have thus far been able
to digitize 200,000 photographs in our archives
and nearly 3,000 objects, including, of course,
the museum’s masterpieces, and these are all now
available online. These efforts recently resulted
in our being awarded a special grant from our
Minister of Development Cooperation to complete
the digitization of our archives relating to Rwanda
over the next two to three years. These will, of
course, be made available to Rwanda.
To return to your question, in addition to
building meaningful relationships with Africa, we
also are taking stock of our institution’s history
in a completely forthright way. Our refl ections
on this subject have given rise to three temporary
exhibitions. The fi rst, Exit Congo Museum,
curated by Boris Wastiau in 2000–2001, critically
analyzed the origins of our collection. Mémoire
du Congo. Le temps colonial (Memory of Congo:
The Colonial Era), the most ambitious exhibition
ever staged about Belgium’s colonial past, was
next in 2005. Lastly, in 2010, Indépendance! 50
ans d’indépendance racontés par les Congolais
(Independence! 50 Years of Independence as
Told by the Congolese) told the story that its title
suggests.
FIG. 4 (CI-DESSOUS) :
Iviart Iz amba Z i K ianda (né
en 1974).
V it et travaille à K insh asa, RD C.
D roits réservés.
FIG. 4 (BELOW):
Iviart Iz amba Z i K ianda (b. 1974).
Lives and works in K insh asa,
D R Congo.
Righ ts reserved.