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Sogolon la scrofuleuse noir ». Neuf Sogolon (Sukulung) sont amenées, mais un voyant, consultant les présages, affirme qu’aucune n’est la bonne : « Ils dirent à Sankarang Madiba Kante, Y a-t-il une autre Sukunlung ? ll répondit, il y en a une autre, mais elle est affreuse. C’est ma fille. »46 De telles descriptions de Sogolon semblent compatibles avec certains des stigmates affichés par les trois sculptures, notamment la déformation liée à la bosse dorsale (gibbosité), les yeux exorbités desquels surgissent des larmes (sous la forme de serpents) ainsi que la laideur affichée pour les deux premières. D’aucuns, à juste titre, pourraient nous opposer que la laideur n’est guère un critère pertinent pour identifier Sogolon47, tant le corpus des oeuvres du delta comprend des figures malades ou affectées par des stigmates déformant leur corps. Pourtant si l’on se réfère aux différents contes, proverbes et mythes de la tradition orale, ouest-africaine en général et mande en particulier, nous remarquons que, loin d’être arbitraire, la laideur est porteuse de significations, parfois paradoxales, mais presque toujours en relation avec des êtres extraordinaires. La hideur est souvent directement 97 FIG. 12 (CI-DESSUS) : Torse féminin avec serpents, région du DIN, Mali. XIe-XIVe s. Terre cuite à engobe ocre rouge. H. : 24,1 cm. Ex-coll. Jerry Vogel. High Museum of Art, Atlanta, Géorgie. Acquis avec le fonds de dotation de Fred et Rita Richman pour les initiatives spéciales en faveur de l'art africain. Inv. 2011.159. © High Museum of Art, Atlanta. Photo : Mike Jensen. FIG. 13 (CI-CONTRE) : CT-scans de la figure 12, vues 3D opaques selon deux incidences. © Dr Marc Ghysels, Bruxelles.


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