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LIVRES l’édition aux couleurs de l’Océanie 142 P I L A T 2014 Les arts de l’Océanie ont inspiré les deux publications les plus remarquables parues entre octobre 2013 et septembre 2014. Tel a été du moins l’avis du jury du 6ème Prix International du Livre d’Art Tribal dont le président, Pierre Moos, dévoila le 8 décembre, lors du cocktail annonçant la vente d’art tribal d’hiver chez Sotheby’s Paris, les deux lauréats : Atua, Sacred Gods from Polynesia (Michael Gunn, National Gallery of Australia) dans le domaine des éditions en langue anglaise et Arts de l’archipel Bismark (dir. Kevin Conru, 5 Continents éditions) pour ce qui est des parutions en langue française. Ces deux titres ont su séduire le jury par l’originalité de leur approche et la rigueur de leurs contenus et témoignent, de plus, d’un intérêt croissant pour la création artistique de cet ensemble insulaire. Avant de proposer une découverte de ces travaux à partir de trois questions posées à leurs responsables, ne manquons pas de rappeler que ce PILAT 2014 fut l’occasion de souligner les efforts d’Ana et Antonio Casanovas pour la réalisation de leur dernier livre ADAM et, surtout, de rendre hommage au travail d’éditeur du marchand, collectionneur et chercheur Marc Leo Félix, qui a reçu le prix de la trajectoire éditoriale pour sa série en huit volumes White Gold, Black Hands: Ivory Sculpture in Congo. TROIS QUESTIONS À ERIC GHYSELS, DIRECTEUR DE 5 CONTINENTS ÉDITIONS, AU SUJET DE Art de l’archipel Bismarck Tribal Art Magazine : Comment est né le projet de ce livre ? Eric Ghysels : Les artistes de cet archipel des mers du Sud, qui fait partie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont à l’origine d’une production des plus saisissantes. Mais, tout autant que ce désir de leur rendre hommage, pour nous qui avons oeuvré à la réalisation de ce livre, il s’agissait d’une relation humaine de longue date – Kevin Conru avait déjà confié à 5 Continents la réalisation de cinq ouvrages1 – et d’affinités partagées, notamment pour le voyage, l’art et la nature. Cet amour pour la nature – que je dois pour ma part à mes parents et que Kevin Conru évoque dans l’introduction du livre – nous a conduits vers l’archipel Bismarck : un territoire fortement marqué par son caractère volcanique et insulaire, où les habitants vivent en symbiose avec une nature où il puisent les matériaux pour la création Par Elena Martínez-Jacquet d’oeuvres d’art et à laquelle ils destinent leurs réalisations après une courte utilisation cérémonielle – je pense notamment aux sculptures malagan, si difficiles à lire au premier regard, mais si fascinantes quand on a pu les examiner plus en détail. T. A. M. : De nombreux sujets sont abordés dans ce livre. Il y est question d’histoire, d’ethnologie, d’esthétique, de voyage et ce à travers des textes aussi érudits qu’accessibles où les auteurs se sont particulièrement intéressés à l’émotion suscitée par cet archipel et son art. Cette primauté du ressenti correspond-elle à une consigne donnée aux auteurs ? E. G. : Cette approche est tout à fait délibérée et le mérite en revient à l’artisan de ce livre, Kevin Conru. Je dis souvent que le rôle d’un éditeur, tel un chef d’orchestre, consiste à réunir autour d’un projet les personnes compétentes. Là, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur une contrebasse d’exception dans mon orchestre, et je dis cela presque au sens littéral, car il est connu de beaucoup que Kevin Conru est un excellent musicien ! Ce dernier a su ensuite s’entourer d’autres merveilleux instrumentistes pour composer et interpréter la partition éminemment intime de cet Art de l’archipel Bismarck. Pour poursuivre la métaphore musicale, Kevin Conru – auteur d’un texte sur l’impact des arts de l’archipel sur les artistes d’avant-garde – a désigné Ingrid Heermann comme premier violon, en lui confiant la rédaction d’un long texte qui fait vivre au lecteur les principales traditions culturelles et artistiques de l’archipel. Ensuite, il a choisi un jeune violon, Bart Van Bussel, qui s’est rendu sur le terrain et en a rapporté quelques photos contemporaines. Enfin, Klaus- Jochen Krüger est venu compléter l’ensemble avec un essai évoquant l’aventure coloniale allemande sur ce territoire : l’arrivée FIG. 1 : Couverture de l’ouvrage primé dans la catégorie francophone. Art de l’archipel Bismarck, sous la direction de Kevin Conru et avec des photographies d’Hughes Dubois. 5 Continents, Milan. FIG. 2a, b, c et d (EN BAS, DE GAUCHE À DROITE) : Doubles-pages 200-201, 58- 59, 302-303 et 208-209 de Art de l’archipel Bismarck.


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