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Régine van den Broek d’Obrenan Arnold Crane 150 1909-2014 Photo : Régine van den Broek d’Obrenan dans sa maison de Rivaulde en juillet 2012. © Jean-Christophe Domenech Walker Evans et la plus grande photothèque du monde dédiée à deux grands noms de l’avant-garde : Man Ray et Laszlo Moholy-Nagy. On peut même dire que le document le plus rare de l’histoire de la photographie conservé au Getty provient de la collection de Crane : l’album du Français Hippolyte Bayard, véritable pionnier de la photographie, contenant cent quarante-cinq photos expérimentales datant de 1840 à 1845. En plus de collectionner leurs travaux, Arnold photographiait et entretenait des liens d’amitié avec bon nombre de génies de la photo du XXe siècle : Evans, Man Ray et Moholy-Nagy, mais aussi Ansel Adams, Bill Brandt et Brassai. Après avoir vu des photographies qu’Arnold avait prises sur le vif de son ami Man Ray, Edward Steichen lui suggéra de photographier tous les autres photographes majeurs. Il en découla la monographie On HOMMAGE À cent cinq ans passés, Régine était la dernière survivante du groupe des cinq jeunes gens, Étienne et Monique de Ganay, Charles et Régine van den Broek d’Obrenan et Jean Ratisbonne qui navigua pendant plus de deux années (1934-1936) sur le yacht La Korrigane dans les mers du Sud. Issue par sa mère, Zélie Schneider, d’une des plus célèbres familles d’industriels du XXe siècle et par son père de la grande aristocratie française, Régine de Ganay se maria à Charles van den Broek d’Obrenan en 1931. Durant sa jeunesse elle avait étudié les bases du dessin et de la peinture dans l’atelier du peintre André Lhote. C’est donc tout naturellement qu’elle devint l’artiste du groupe. Dans la tradition des peintres illustrateurs des grands voyages du XIXe siècle elle réalisa, grâce à son sens des couleurs très développé, des centaines de croquis, aquarelles et pastels illustrant sa vision des diverses escales de l’expédition. Le voyage de La Korrigane fut la grande aventure de sa vie et elle aimait en raconter quelques anecdotes, comme cette randonnée à l’intérieur de l’île de Malakula aux Nouvelles-Hébrides (aujourd’hui le Vanuatu) où elle pensait avoir échappé de peu à la marmite de prétendus cannibales. Quoi qu’il en soit, Régine van den Broek participa à l’une des plus importantes collectes d’objets ethnographiques réalisée en Océanie par une expédition française qui bénéficia du soutien du directeur du musée du Trocadéro, Paul Rivet. À son retour en France, elle aida, durant trois années, son mari Charles à réaliser les fiches de plus de deux mille objets mis en dépôt au musée de l’Homme par les membres de l’expédition. À la mort de Charles en 1956, c’est avec l’aide de l’expert Jean Roudillon que Régine et sa cousine Monique de Ganay firent le tri entre les objets qui devaient être cédés au musée de l’Homme et ceux qui devaient être vendus aux enchères publiques à l’hôtel Drouot en décembre 1961. Tous les collectionneurs d’art océanien connaissent bien la marque D.39.3 inscrite sur les objets provenant de cette expédition devenue mythique. Parmi ceux-ci, de nombreuses pièces furent offertes par Régine au musée de l’Homme et sont maintenant conservées au musée du quai Branly. La fameuse statuette dukna (dieu-requin), donnée en 1969, se trouve aujourd’hui exposée au palais des Sessions au Louvre. C’est en 1997, lors de la préparation de l’exposition Le voyage de La Korrigane dans les mers du Sud au musée de l’Homme, que j’ai fait la connaissance de la femme discrète et effacée qu’était Régine van den Broek. Elle m’a alors transmis, et ceci jusqu’au mois de juin dernier, les souvenirs les plus marquants de sa jeunesse et de ses voyages en Océanie. Malgré son grand âge, elle fut toujours avenante, et attentive à mes questions. Régine van den Broek d’Obrenan s’est éteinte le 13 septembre dernier dans sa cent-sixième année. Elle repose maintenant dans la sépulture Visconti au cimetière du Père-Lachaise. Christian Coiffier Tous ceux qui pénétraient dans l’appartement d’Arnold Crane à Chicago s’apercevaient immédiatement qu’ils se trouvaient en présence d’un collectionneur invétéré. Qu’il s’agisse de bijoux amérindiens, d’armes et de bronzes africains, de cannes et de bâtons de marche en bois européens, de livres ou de ses appareils photo favoris, Arnold abordait ses collections avec enthousiasme et rigueur. Avocat de formation, Arnold était avant tout un formidable photographe. Sa passion sans bornes pour la photographie et son extraordinaire capacité à reconnaître la grandeur d’une oeuvre lui permirent de former une collection exceptionnelle de photographies des XIXe et XXe siècles qui constitue aujourd’hui la pierre angulaire de la collection photographique du Getty Museum. Lorsque la collection de Crane intégra le Getty en 1984, elle comportait plus de mille images de Arnold Crane: Photographer of Photographers, 2013 Photo: Bob Coates


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