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Senufo : art et identité 75 FIG. 8 (PAGE DE GAUCHE) : Paire de figures. Artiste non identifié. Bois. H. : 109 cm et 108 cm. Provenance rapportée : Pierre Matisse Gallery, New York ; M. et Mme Edwin E. Hokin, Chicago, avant 1963 (exposée au Art Institute de Chicago en 1963) ; Grace E. Hokin, Chicago / Palm Beach, FL. Collection privée, avec l’aimable autorisation de la Donald Morris Gallery, New York / Michigan. Photo : Maggie Nimkin, New York. Un certificat d’analyse issu du Centre d’innovation et de recherche pour l’analyse et le marquage (CIRAM) de Bordeaux et signé par le Dr Céline Roque, le 29 septembre 2010, propose une datation d’origine entre 1650 et 1805 pour chaque figure de cette paire. Le professeur Till Förster (dans Bonhams 2012 : lot 285) fait référence à un second rapport du CIRAM suggérant une date dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour une autre paire de sculptures tenue pour senufo. des études anthropologiques, ainsi qu’à des connaissances approfondies qui, à l’époque, semblaient novatrices. Toutefois, les dénominations construites sur des groupes culturels ou ethniques véhiculent – et ce parfois de façon subtile – des idées reçues héritées de l’époque coloniale ou de modes de pensée en anthropologie, tout comme des connotations dues à des intérêts esthétiques et financiers divers d’artistes, de marchands et d’amateurs d’art en Afrique, en Europe et en Amérique (voir aussi Appadurai 1988, Amselle 1998). Supprimer l’attribution senufo de l’endroit normalement dévolu au nom d’un artiste dans la description d’un objet permet de se livrer à une analyse sans l’écueil de la catégorisation. Cela permet d’attirer l’attention du public sur la notion d’individualité ainsi que sur les contextes spécifiques inhérents à la production artistique. Cette approche fait honneur à la spécificité de chaque oeuvre et de son auteur, son commanditaire, son destinataire, même en l’absence d’informations précises concernant les personnes, les mécènes, les contextes de production ou le public visé associés à l’objet. Cette approche modifie également le champ d’analyse, en s’éloignant de l’hypothèse selon laquelle un groupe culturel ou ethnique donné doit créer et utiliser de la même façon des oeuvres formellement similaires, tout en reconnaissant les nombreuses possibilités de création, d’utilisation ou de circulation d’un objet. Dans les années 1920 et 1930, les artistes et les marchands de la région des trois frontières ont vu que les voyageurs européens étaient intéressés par l’achat de masques faciaux et de sculptures figuratives et ont probablement développé leurs activités afin de répondre à la demande. Dans les années FIG. 9 (À DROITE) : Figure féminine. Artiste non identifié. Bois. H. : 27 cm. Provenance rapportée : Pace Primitive, New York ; galerie Olivier Castellano, Paris. Collection Simonis. Photo : Jörg Schanze © Galerie Simonis, Düsseldorf. L’oreille en forme de fer à cheval et la large bouche englobant le menton caractérisent cette sculpture, attribuée à un artiste non identifié du nord de la région senufo sur base de critères formels (voir Glaze 1993 : 29, cat. 28).


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