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MUSÉE à la Une comme senufo. Ainsi s’achève-t-elle par l’évocation des frontières 74 culturelles ou ethniques, vagues et difficiles à établir, tout en révélant les contraintes liées aux dénominations et aux attributions souvent rencontrées par les connaisseurs et autres spécialistes. L’APPELLATION SENUFO L’idée et l’expression d’une identité culturelle ou ethnique senufo distincte sont apparues à la fin du XIXe siècle, dans les contextes politique et historique de la région des trois frontières, une zone définie par les frontières actuelles du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Mali. L’une des acceptions du mot senufo suggère que ce terme permettait de distinguer les fermiers senufo des individus qui se livraient à d’autres activités (Veirman 2002 : 110). D’autres appellations étaient employées pour faire la différence entre les individus qui s’étaient convertis à l’islam et ceux qui ne l’avaient pas fait. Ces derniers auraient pu être désignés par le terme bamana. Compris comme indicateurs d’une différence d’activité et de religion, les termes senufo et bamana ne sont pas mutuellement exclusifs. Par exemple, un fermier de cette région qui ne s’était jamais converti à l’islam pouvait donc être identifié comme un fermier senufo et un noncroyant bamana. Le même individu qui s’était converti à l’islam pouvait alors se désigner ou être identifié comme un Jula. Le statut d’un individu pouvait dès lors varier durant sa vie selon qu’il se convertissait à l’islam, migrait ou changeait d’activité (Launay 1982 ; Amselle 1998 : 43-57). Par ailleurs, même si Maurice Delafosse a soutenu l’idée d’une identité senufo propre au début du XXe siècle (1904 : 192–193), l’administrateur colonial français a reconnu qu’il appliquait la dénomination senufo à des individus qui n’utilisaient pas nécessairement ce terme pour se référer à euxmêmes. En effet, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, la construction de l’identité senufo et la définition d’un corpus d’objets s’y rapportant n’ont pas toujours coïncidé avec les différents intérêts et investissements des artistes, des commanditaires et de la clientèle des communautés rurales tenues comme senufo (fig. 1). Dans le domaine de la création artistique, le terme senufo facilite la classification des objets mis en vente ou étudiés et ce, même s’il n’existe que très peu de documents écrits se rapportant à des oeuvres spécifiques abritées dans des collections privées ou des musées. Les connaisseurs et les spécialistes confrontés à des objets issus du continent africain au début du XXe siècle ont cherché à déterminer des styles distincts afin d’appréhender cet art avec la même rigueur que leurs collègues qui se spécialisaient dans les arts européens. Leur approche en matière de dénomination de groupes culturels ou ethniques alliait une minutieuse analyse formelle à


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