Sogolon la scrofuleuse 109 même collectif, comme sur le site de Natamatao95. Les découvertes ne permettent pas d’affirmer96 s’il était centré sur des ancêtres, des figures liées à des mythes de fondation ou des entités surnaturelles, mais par le biais de la tradition orale de la région mande, nous risquons l’hypothèse de leur attribuer une identité et de les nommer. Outre cette identification à des personnages épiques, fictifs ou non, et corollairement à cette démarche, ce qui importe le plus est la démonstration qu’elles ne servaient pas, jusqu’à preuve du contraire, des objectifs funéraires. Ajoutons qu’il ne semble pas absurde d’envisager, par le biais de ces objets et des manipulations qu’ils engendraient, un « échange de services » entre des fidèles et leurs dieux ou ancêtres tutélaires et protecteurs. L’hypothèse qu’il s’agisse d’une maternité représentant Sogolon et Soundjata pourrait également avoir une seconde implication d’ordre politique. En effet, cette information devrait utilement être portée à la connaissance des autorités culturelles maliennes pour plusieurs raisons. La première est que lors des échanges diplomatiques qui eurent lieu entre la France et le Mali au début des années 1990, pour obtenir l’autorisation d’inscrire la statue à l’inventaire du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie97, la France s’était engagée à procéder à l’étude scientifique de l’oeuvre et à en partager les résultats avec le Mali98. La deuxième – plus sensible – est liée au discours de Dakar de juillet 2007 (évoqué plus haut voir note 15) et à l’engagement militaire, dans le cadre de l’opération Serval99, que la France a récemment menée aux côtés des forces armées maliennes dans des régions qui furent précisément le coeur de l’empire du Mali. En effet, il pourrait être profitable pour toutes les parties de rappeler, au travers de l’existence de cette oeuvre, l’importance historique de cet empire. Ce passé, les Maliens ne le renient pas, ils l’honorent même, comme en témoigne la statue du Buffle de Dô qui trône au centre de la place Sogolon à Bamako (fig. 31). Ce monument célèbre Dô Kamissa (voir p. 96) ainsi que Sogolon, qui a enfanté Soundjata. En outre, la présence simultanée du buffle dans la statue et de Sogolon dans le nom donné à la place atteste leur parenté, mais aussi le fait que, dans certaines versions, ils sont considérés comme identiques, l’une étant l’avatar de l’autre (voir note 40). Cette représentativité de la complexité sémantique de l’épopée au centre de la cité FIG. 32 : Hutte aux serpents, région du DIN, Mali. XIe-XVIIe s. Terre cuite à engobe ocre rouge. H. : 22,9 cm. New Orleans Museum of Art, La Nouvelle-Orléans, Louisiane. Acquise avec le Fonds Robert P. Gordy. Inv. 90.196. © New Orleans Museum of Art, La Nouvelle-Orléans. Photo : Judy Cooper. FIG. 33 : CT-scans de la figure 32. Vues 3D opaques selon deux incidences. À droite : dé coupe virtuelle du toit de la hutte qui révè le la scè ne de sacrifice. Le corps du personnage féminin dont le bras sort de la hutte est souligné en rouge, sa tête se trouve dans la gueule du serpent infé rieur. © Dr Marc Ghysels, Bruxelles.
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