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DOSSIER 92 FIG. 4. CT-scans de la figure 1, vues 3D opaques prises de haut. À gauche : vue complète. À droite : vue avec découpe horizontale à hauteur du talon recollé démontrant la légitimité de la restauration. © Dr Marc Ghysels, Bruxelles. du scanner à rayons X que nous avons puisé pour trouver des réponses aux innombrables énigmes que posent les terres cuites. À partir d’un objet qui nous a donné des pistes d’exploration, nous avons mis quelques suppositions à l’épreuve. Nous les avons ensuite appliquées à d’autres pièces qui semblaient confirmer nos conjectures. Nous livrons cette analyse comme une hypothèse de travail en souhaitant que d’autres s’en emparent, que ce soit pour la confirmer ou l’invalider, et poursuivre ainsi les recherches sur une civilisation méconnue. Nous cherchons à ouvrir des pistes et aussi, pour une grande part, à réfuter certaines affirmations qui nous semblent abusives, comme celles qui voient l’implication des oeuvres du DIN dans des pratiques et rituels funéraires, ou même celles qui évoquent directement des usages liés au traitement des défunts19. Toutes choses qui, dans la frilosité ambiante, les rendent encore plus « taboues » et donc impropres à une étude sereine par le milieu académique. UNE ÉTRANGE FIGURE FÉMININE À l’origine de cette réflexion, se trouve une sculpture en terre cuite (fig. 1), qui fit partie de la collection de Pierre Harter20, et qui appartient aujourd’hui au musée du quai Branly (dorénavant mqB) où elle est enregistrée comme objet archéologique : statue féminine de la région du DIN21, datée entre le XIIIe et le XVe siècle, dont l’usage est indéterminé. Les données brutes de l’examen scanner, réalisé en novembre 2012, nous furent gracieusement communiquées, en décembre de la même année, par le mqB22, pour interprétation et afin de déterminer s’il y avait des traces de restauration23. L’analyse radiologique a notamment révélé l’homogénéité de la terre cuite d’une statue creuse au niveau du torse et de la tête, réalisée suivant la technique du colombin. La cavité centrale du buste affecte une forme de poire dont les parois internes lisses présentent des traces superficielles, mais nettes, de raclage tandis que celles de la tête permettent de voir les empreintes laissées par les doigts de l’artiste dans l’argile fraîche24 (fig. 3). Les orifices des conduits auditifs et des narines – en l’état actuel partiellement comblés par des résidus de sédiments telluriques – sont susceptibles d’avoir participé à l’échappement des gaz de cuisson. La partie interne de la paupière supérieure et le globe oculaire droits, légèrement endommagés, ont été restaurés. Une autre réparation par simple collage concerne la cheville rapportée sur le flanc droit. Les correspondances spatiale, densitométrique et structurelle de la terre cuite à ce niveau en confirment totalement la légitimité (fig. 4). Parallèlement à l’observation spécifique de cet objet, nous avons utilisé les archives des analyses tomodensitométriques25 que nous avons effectuées sur plus de deux cents figures en terre cuite produites, entre le XIIIe et le XVIIe siècle, PAGE DE DROITE FIG. 5 (EN HAUT) : CT-scans de la figure 1. À gauche : vue 3D transparente, la terre cuite apparaît en bleu et la cavité est soulignée en violet. À droite : projection des intensités maximales (MIP) ; les ponctuations noires correspondent aux inclusions d’oxydes métalliques dans la terre cuite. © Dr Marc Ghysels, Bruxelles. FIG. 6 (EN BAS) : CT-scans de la figure 1. Vues 3D semiopaques latérales et obliques qui révèlent la restauration de la région oculaire droite (en bleu). © Dr Marc Ghysels, Bruxelles.


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