Richard Scheller 131 Joaquin Pecci en Belgique ou Renaud Vanuxem et Alain Bovis, à Paris, ont notamment été très actifs dans ce domaine ces cinq à six dernières années. T. A. M. : Comment expliquez-vous cette évolution et quelles perspectives imaginez-vous pour l’art de l’Himalaya? R. A. : Il y a plusieurs raisons à cela. D’une part, je suis convaincue que la multiplication, depuis une dizaine d’années, de publications et d’expositions temporaires sur le sujet a été décisive pour faire avancer la connaissance dans le domaine et sensibiliser un large public. Gustavo et moi avons souhaité soutenir autant que possible ces efforts en prêtant régulièrement des pièces ou même en organisant l’exposition Énigme des montagnes. Masques tribaux de l’Himalaya (Fundación Antonio Pérez, Cuenca, 2005).1 D’autre part, il y a la question du prix, bien plus abordable que celui de l’art africain et océanien, par exemple. Cela a certainement encouragé de nouveaux collectionneurs à s’engager dans cette voie. Pour répondre à la question des perspectives qu’ouvre cette plus grande présence de l’Himalaya dans le monde de l’art et de la culture, il me semble que cela va permettre tout d’abord de découvrir de nouveaux objets et de mieux les comprendre. Je pense aussi que cet engouement naissant va inévitablement se traduire, sur le marché de l’art, par une montée des prix. Mais j’espère vraiment qu’ils ne flamberont pas ! Cela rendrait les objets moins accessibles et, surtout, cela conditionnerait les collectionneurs dans leurs choix. Dans notre société occidentale, un prix élevé est souvent tenu pour un indicateur de grande valeur. Il est difficile de faire confiance à notre propre critère d’appréciation quand les prix sont très hauts ou très inégaux. Et en art, le plus cher n’est pas forcément le meilleur ! Personnellement, ce que j’ai toujours aimé dans l’art de l’Himalaya, c’est oser faire valoir librement mon goût sans me soucier du prix… T. A. M. : Vous êtes collectionneuse, c’est un fait, mais vous êtes surtout artiste ! Je serais curieuse de savoir enfin si l’Himalaya s’est glissé d’une quelconque façon dans vos propres créations ? R. A. : Pas sous la forme de références directes. Il est évident que je me nourris de l’art que j’aime, et l’art tribal en général – pas uniquement celui de l’Himalaya – a une place importante dans ma vie. Il se peut donc que mon travail présente certaines similitudes avec l’art tribal, notamment dans le traitement de la matière ou dans le geste – deux questions qui se trouvent au coeur de mon oeuvre – mais pour moi il s’agit plus d’un phénomène de convergence que d’influence. 1. Une version élargie de cette exposition a été proposée dans la salle d’exposition de Guyancourt (Yvelines) du 11 janvier au 5 février 2006 sous le titre Les masques d’Himalaya du primitif au classique. Collection Gili / Amorós (Barcelona) et galerie Le Toit du monde (Paris). PAGE DE GAUCHE FIG. 3 : Masque du Népal. © Pau Aguilar - Marc Roses. FIG. 4 (CI-DESSUS) : Vue du studio de Rosa Amorós présentant plusieurs créations de l’artiste. © Tribal Art magazine.
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