
PORTFOLIO
FIG. 1 : Germaine Van Parys
(1893-1983), Vue intérieure
de la maison de Jeanne
Walschot « Coin d’escalier
avec armes et masque
Bapende ». Vers 1931.
© Germaine Van Parys -
GermaineImage.
Les arts africains à Bruxelles dans
l’optique de Germaine Van Parys
pionnière du photojournalisme en Belgique
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en outre deux expositions à laquelle la marchandecollectionneuse
participe, en 1930 et 1934, constituant
ainsi à leur sujet une documentation visuelle
unique et inédite à ce jour.
Les reportages effectués entre 1929 et 1932 chez
Walschot illustrent deux grandes tendances de la
pratique photographique de Germaine Van Parys.
L’approche humaniste visant à restituer avec authenticité
l’univers domestique de la collectionneuse
(fi g. 1 à 5) s’exprime à travers des vues d’ensemble
de son intérieur. La petite maison3 permet peu de
recul. Un constat immédiat qui est bien sûr renforcé
par la saturation du décor intérieur. Les légendes
des images, écrites au verso, donnent toutefois une
lecture à ces agencements : « Chez Mademoiselle
Jeanne Walschot. Entrée de chambre à coucher »,
« Coupes, statuettes, maternités. Chambre à coucher
de Mlle J. Walschot », « Coin d’escalier avec armes
et masque Bapende ». La présence de Jeanne, seule
ou accompagnée de sa mère sur certains clichés participe
pleinement à l’esprit intime de ce reportage :
« La collectionneuse et sa maman ». Hormis l’apparition
ponctuelle de cet art sensible du portrait, le
plus frappant – et qui concerne la majorité des photographies
– reste l’aisance avec laquelle Germaine
Les liens entre photographie et arts africains
ont depuis plusieurs années déjà été soulignés,
étudiés et brillamment illustrés par des publications
et des expositions. Ces travaux prennent cependant
peu en compte de possibles apports belges pour documenter
l’approche historique de ce sujet. Il est vrai
qu’hormis les photographes liés aux avant-gardes
artistiques, rares sont les noms à être passés à la postérité.
1 Ces études ont relevé cependant à quel point la
convergence entre Art africain et photographie s’est
aussi accomplie à travers la reconnaissance et la diffusion
d’un style documentaire. C’est ce qu’attestent en
effet plusieurs reportages, réalisés entre 1929 et 1934,
par la photojournaliste belge Germaine Van Parys.
Ce sont les nombreuses images de la collection africaine
de Jeanne Walschot (1896-1977), largement
FIG. 2 (PAGE DE DROITE) :
Germaine Van Parys (1893-
1983), Vue intérieure de la
maison de Jeanne Walschot.
Vers 1931.
© Germaine Van Parys -
GermaineImage.
L’abondance de textiles et de nattes ne
participe pas du « décor » mais relève
pleinement de la collection ; ces pièces
sont particulièrement appréciées par
Walschot à cette époque.
diffusées du vivant de cette célèbre collectionneuse
bruxelloise, qui ont permis d’identifi er récemment
ses deux principaux photographes, Victor Hennebert
(1877-1947) et Germaine Van Parys (1893-1983),
deux photojournalistes, fondateurs en 1929 de l’Association
belge des photographes-reporters.
Ami de longue date de Walschot, Hennebert a
certainement favorisé sa rencontre avec Germaine
Van Parys mais nul doute que l’amitié entre les deux
femmes doit beaucoup à leurs ressemblances, telles
qu’une forte personnalité – indépendante et nonconformiste
– ainsi qu’un rôle de pionnière dans
leurs domaines professionnels respectifs.
Van Parys est la première femme photographe de
presse en Belgique. Travaillant pour le quotidien
belge Le Soir dès 1922, elle est distinguée en 1926
par la Reine et devient la photographe de la maison
royale de Belgique. C’est peut-être dans ce cadre
qu’elle réalise son premier photoreportage au Congo
belge à la fi n des années 19202 et développe un goût
et un intérêt certain pour les cultures matérielles
d’Afrique centrale. C’est en tous cas à son retour
qu’elle commence à photographier, à Bruxelles, les
centaines d’objets africains de la collection Walschot.
Dans le sillage de cette dernière, Van Parys couvrira
Par Agnès Lacaille and Nico Gastmans