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Aujourd’hui, plus de huit cents plaques sont
conservées dans des musées d’Europe, des États-Unis
et du Nigeria. Bien qu’elles soient souvent considérées
comme des oeuvres individuelles, elles étaient
en réalité créées et exposées en tant qu’installation
monumentale unique. Le présent article passe en
revue quelques-unes de nos découvertes sur le sujet,
tout en analysant le corpus dans son ensemble. Nos
conclusions sont détaillées dans The Benin Plaques:
An Imperial Monument (Routledge, 2017), ouvrage
dans lequel nous couplons ces observations à des récits
historiques afi n de dater les plaques et d’analyser
le mécénat royal, les méthodes de production et l’organisation
des plaques au sein de la salle d’audience.
LE CORPUS
Deux plaques décrivent la salle d’audience de l’oba et
montrent des plaques ornant les piliers disposés autour
de la cour. L’une d’entre elles, conservée au British
Museum, montre des représentations miniatures
FIG. 1 (EN BAS À GAUCHE) :
« Interior of the royal palace,
destroyed in a fi re, bronzes
on the ground. Capt. C. H.
P. Carter, 42nd, E. P. Hill.»
Photographe inconnu, Benin
City, 1897.
Pitt Rivers Museum, University of Oxford,
inv. 1998.208.15.11.
© Pitt Rivers Museum, University of Oxford.
FIG. 2 (EN BAS) : Vue modélisée
de la salle d’audience du palais
depuis l’entrée.
Infographie : Lumi, 2018.
Seules deux plaques ont été utilisées pour
cette reconstitution, le but étant de donner
une idée visuelle de l’installation de
l’ensemble du corpus.
FIG. 3 (À DROITE) : Plaque
étroite fi gurant quatre pages
devant le palais. Bénin, Nigeria.
XVIe siècle.
Alliage cuivreux. H. : 55 cm.
The British Museum, inv. Af1898,0115.46.
© The Trustees of the British Museum.
À noter, le rendu des plaques sur les
colonnes qui soutiennent le toit.
Par Kathryn Wysocki Gunsch
DOSSIER
Les plaques de Bénin
UNE SEULE ET
MÊME OEUVRE
L’art de Bénin met en lumière une cour
puissante par le biais de sculptures en ivoire et en
bronze qui témoignent de la force militaire, du faste
royal et des relations internationales de l’oba, le roi.
À partir de 1897, date de l’expédition punitive britannique
à Bénin qui vit les militaires saisir une partie du
trésor royal et en vendre l’essentiel aux enchères (fi g.
1), les ivoires fi nement sculptés et les bronzes ouvragés
furent disséminés dans le monde entier. La bataille
de Benin City en février 1897 marqua la fi n tragique
de l’autonomie politique de la cour de Bénin. Le rapatriement
du patrimoine culturel du royaume suscite
aujourd’hui un vif débat. La dispersion des bronzes de
Bénin a empêché les membres de la cour et de la communauté
scientifi que au Nigeria et ailleurs d’étudier
et de comprendre les oeuvres les plus singulières de ce
corpus, à savoir les plaques en bronze. Nos recherches
visent à retracer le parcours de ces plaques et à identifi
er leur installation au sein de la somptueuse salle
d’audience du XVIe siècle de l’oba de Bénin.