Page 74

T84F_internet

MUSÉE À LA UNE 72 Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En 1927, un troisième musée voit le jour dans le même bâtiment. Je pense au Musée colonial de Lyon, dont Édouard Herriot, maire de la ville, eut l’idée à l’issue de l’Exposition coloniale de Marseille de 1922. Cet établissement présentait des objets destinés à montrer le savoir-faire des peuples des colonies, mais aussi des objets achetés, parfois avec goût, par les administrateurs coloniaux, ainsi que de belles pièces anciennes, que les négociants établis en Afrique avaient collectés sur place. L’ensemble d’objets de Côte d’Ivoire cédé dans les années 1930 par Louis Roux, planteur à Danané (au centre du pays dan) illustre cette pratique. Il comporte plusieurs masques dan, dont un ayant conservé sa coiffure de fi bres végétales habilement tressées, une très belle cuillère dan ou encore un casque senufo surmonté d’une fi gure féminine enduite d’huile de palme et agrémentée de fi nes parures en perles de verre (fi g.12). L’institution bénéfi cie à cette même époque d’une donation exceptionnelle, faite par Mme Renel dont l’époux, Charles Renel, avait constitué entre 1906 et 1924 une collection d’oeuvres malgaches. Très intéressé par la vie spirituelle des Malgaches, cet enseignant et administrateur colonial avait acquis de nombreux ody (talismans), mais aussi des bois de lit ou des chandeliers en pierre récemment publiés dans l’ouvrage de Bertrand Goy, Arts anciens de Madagascar. En 1979, l’un des ensembles les plus singuliers mais aussi le plus remarquable a être conservé aujourd’hui par le musée des Confl uences est déposé au muséum par les OEuvres pontifi cales missionnaires. Il s’agit d’une collection initiée par l’OEuvre de la propagation de la Foi, structure créée à Lyon en 1822 sous l’impulsion de Pauline Jaricot afi n de collecter l’argent nécessaire pour fi nancer l’entreprise évangélisatrice. Cet organisme est aujourd’hui intégré aux OEuvres pontifi cales missionnaires. Cela concerne environ deux mille volonté d’une nouvelle équipe scientifi que pour que les collections ethnographiques s’étoffent. Sous l’impulsion de Louis Lortet (directeur de 1870 à 1909) et d’Ernest Chantre (sousdirecteur de 1879 à 1909) plusieurs missions d´étude dans le Caucase et en Égypte intégrant des collectes d’objets sont organisées. De plus, Chantre est régulièrement contacté par des marchands et des collectionneurs – dont Émile Guimet, qui est sur le point d’ouvrir, en 1879, son musée des religions asiatiques et qui décide d’offrir au muséum un ensemble d’objets non asiatiques tel un très beau bouclier des îles Moluques (fi g. 4) ou une hache cérémonielle kanak (fi g. 5) qui fi gure aujourd’hui dans le parcours permanent du musée des Confl uences. Ernest Chantre côtoie également des personnalités du monde des affaires, comme les frères Gravier, négociants au Gabon et organisateurs de zoos humains, qui vendront au muséum plus de cinq cents objets d’Afrique occidentale et équatoriale. C’est à cette même époque que le musée acquiert une très belle collection d’objets du quotidien (tasses, coupes, appuis-nuque), aujourd’hui identifi és comme probablement tsonga et provenant de la région du Transvaal en Afrique du Sud. L’ensemble est acheté auprès d’un certain M. Wood, impresario d’une troupe de Zulu de passage à Lyon. En 1914, le muséum va quitter le palais Saint-Pierre, aujourd’hui occupé par le musée des Beaux-Arts de Lyon, pour s’installer dans le bâtiment du musée des Religions conçu par Émile Guimet en 1879. Dès 1889, ce dernier avait transféré ses collections à Paris pour ouvrir l’actuel musée national des Arts asiatiques, Guimet. Néanmoins, en 1913 une petite partie de ses collections asiatiques est remise en dépôt à Lyon et Émile Guimet dirige lui-même cette institution lyonnaise qui côtoie le muséum.


T84F_internet
To see the actual publication please follow the link above